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Une racine qui fait fortune

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C’était une quête importante dans laquelle elle s’apprêtait à se lancer. Une qui valait plus que son commerce habituel. Elle devait absolument mettre la main dessus sans attendre, car elle savait cet ingrédient convoité de plusieurs. Cependant, elle n’avait aucune réelle idée d’où trouver cela. Elle n’avait en sa possession qu’un croquis et un nom qui ne signifiait rien pour elle. Vu ses connaissances sur la flore du continent, elle n’était pas bien avancée. Il lui fallait des réponses de quelqu’un qui en savait sur le sujet. Et elle savait exactement à qui s’adresser. C’est pourquoi elle se trouvait actuellement dans les rues de la capitale. Ses pas la guidaient sans hésitation vers une boutique bien précise : Le chant de l’Enjôleuse.

Pour tout ce qui concernait plantes et remèdes, Rhéa était devenue sa référence. Elle avait entendu parler de la femme par un client et elle avait décidé de tenter sa chance lorsqu’elle avait dû vérifier les plantes qu’on lui avait données pour revente. L’herboriste l’avait sauvée d’une perte monumentale en lui apprenant que ce qu’elle détenait était de mauvaises herbes sans valeur. Depuis, Nem lui faisait confiance sur la matière et partageait, bien entendu, une part du revenu, lorsque mérité.

Cette fois, elle espérait que Rhéa pourrait la mettre sur la bonne piste afin de récupérer cette plante en question. Elle avait un client prêt à payer le prix gros pour poser la main sur cette rareté. Il était celui à avoir demandé l’aide de la pirate, sachant qu’il pouvait se fier à Nem malgré l’aspect un peu… illégal de la transaction. La capitaine ne pouvait pas laisser cette chance lui passer sous le nez. Si elle pouvait se la procurer et la revendre, ce serait un coup merveilleux pour remplir les coffres de son navire.

Elle poussa enfin la porte de la boutique après ce qui lui parut une trop longue route. Elle avait plié le croquis en quatre et enfoncé le papier dans le creux de sa poche en entrant dans l’herboristerie. Son regard scruta les alentours à la recherche de Rhéa. Elle vérifia du même coup qu’Altúro ne se trouvait pas derrière le comptoir. Nem préférait de loin faire affaire avec Rhéa pour ses questions. Par habitude, mais aussi parce qu’elle avait pu constater que les histoires qu’il valait mieux garder secrètes ne l’effrayaient pas. Et c’était exactement de quoi il s’agissait ici. Ayant seulement échangé quelques fois avec l’homme, elle ne pouvait dire ce qu’il en était de son côté et elle ne pouvait pas prendre de risque à l’instant.

Bien heureusement, celle qu’elle cherchait était actuellement la seule en boutique. Une merveilleuse nouvelle qui étira un sourire à la pirate. Elle s’approcha sans chercher à se faire discrète et salua avec plaisir son associée :

- Rhéa ! Comment vas-tu ? Ça fait plusieurs semaines que je ne m’suis pas arrêté à Al-Jeit, mais les affaires semblent bien par ici. J’ai vu tes clients quitter l’endroit avec le sourire aux lèvres en arrivant.

Les banalités échangées, Nem laissa un grand sourire entendu apparaitre sur son visage. Elle sortit le papier plié et le tendit à Rhéa. Elle n’était pas de celle à tourner autour du pot bien longtemps. Après avoir pris quelques nouvelles, elle sautait sur le sujet croustillant. D’autant plus qu’elle était impatiente de s’y mettre.  

- J’ai besoin d’quelques informations sur cette plante. Le plus que tu peux m’en dire, le mieux. J’compte aller la chercher moi-même, qu’importe l’endroit où ça pousse.

Elle avait baissé le ton de sa voix pour ne pas attirer l’attention. Heureusement, il n’y avait pas d’autres clients, mais ne sait-on jamais. Mieux valait être prudent lorsqu’une telle somme attendait à la livraison. Elle espérait vivement que Rhéa pourrait lui en dire plus sur cet élément qui valait si cher. Elle pourrait par la suite préparer son voyage.

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Rhéa s’était réveillée tôt ce matin-là, c’est-à-dire qu’elle avait veillé jusqu’à tard dans la nuit, pour finir par abdiquer à l’heure où le ciel commence à pâlir et se lever à peine deux heures plus tard. Pas de sa faute, tout de même, si l'élaboration d'un poison d’un genre nouveau demandait tant de travail et accaparait autant son esprit. En revanche, elle n’arrivait qu’à blâmer sa seule personne pour ses résultats peu probants. Elle avait livré plusieurs essais, multiplié les expérimentations pour extraire l’élément toxique qu’elle désirait, sans succès. Tout ses connaissances d’alchimiste ne suffisaient plus, à son grand dam.

Avec ses yeux cernés, plus grincheuse qu’à son habitude, elle avait signifié à Altúro de lui laisser de l’espace. Avec un haussement d’épaules, il lui avait cédé toute la boutique, alors que lui s’occupait au jardin derrière la demeure. Pas question qu’elle use d’excuses pour ne pas avoir de contact avec les clients aujourd’hui. Son associé l’avait rencontrée alors qu’elle n’était encore qu’une gamine indisciplinée et, parfois, il semblait la considérer toujours comme telle. En simple, ça n’améliorait pas l’humeur de Rhéa, aujourd’hui devenue une jeune femme à l’hygiène du sommeil déplorable.

L’herboriste, plantée derrière le comptoir de la boutique, fronça les sourcils devant le carnet placée devant elle et se rendit compte qu’elle s’était fourvoyée dans ses calculs relatifs à l’état des comptes de son commerce. Mouais, elle était bien moins fonctionnelle qu’elle ne l’avait pas escompté, après tout… Pffft.

Elle soupira et ses doigts trouvèrent une des feuilles de l’enjôleuse d’hulm qui traînait fièrement sur le comptoir tout près d’elle.

-Toi, au moins, tu es plus commode que toutes ces calculs financiers. Et plus jolie…

Le doux trille caractéristique des enjôleuses lui répondit. Rhéa se décidait à se refaire un thé pour éveiller son esprit embrumé, lorsque la porte de son établissement s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître nulle autre que la Capitaine Nem Jezakins. Rhéa accusa une seconde de surprise. Depuis quand n’avait-elle pas revu cette Aline-là? Des mois, au bas mot… Elle se rappelait, bien sûr, comment elles en étaient venues à s’acoquiner en affaires. Nem avait eu recours à son expertise en herboristerie par le passé et, depuis, elle semblait lui accorder une certaine estime. Estime mutuelle, par ailleurs. Rhéa respectait beaucoup les entrepreneuses de sa trempe. Les banalités expédiées, la Capitaine s’attaqua au vif de la raison de sa visite.

- J’ai besoin d’quelques informations sur cette plante. Le plus que tu peux m’en dire, le mieux. J’compte aller la chercher moi-même, qu’importe l’endroit où ça pousse, fit-elle en faisant glisser un bout de parchemin vers elle sur lequel était esquissé le dessin d’une plante.

Intriguée, l’herboriste détailla le croquis, remarqua tout de suite les fleurs à cinq pétales, l’attention portée sur les feuilles larges aux bords sinueux et les racines profondes qui, si on plissait un peu les yeux, pouvait rappeler la forme d’un être humain. Elle savait au premier coup d’œil de quoi il était question, même si cette variété ne se retrouvait pas dans les environs de la capitale alavirienne.

-Je suppose que tu ne cherches pas cette plante pour faire joli sur le pont d’un navire…,
ironisa l’herboriste. Donne-moi une seconde.

Rhéa s’éclipsa de la pièce quelques minutes, puis revint muni d’un large bouquin aux pages écornées. Elle fouilla dedans avec attention, avant de le tourner vers Nem et de lui indiquer une page précise.

-Tu es familière avec la forêt d'Ombreuse ? Parce que c’est là-bas que l’on retrouve cette espèce particulièrement puissante de manne-dragon. Je dois t’avertir que cette plante a une période de floraison assez spécifique.  Et elle est plutôt discrète, pas toujours facile à repérer sur le sol de la forêt à cause, entre autres, de ses fleurs plutôt pâles.

Elle lut à voix haute :

-Les effets psychotropes de la manne-dragon sont reconnus pour être intenses. La plante peut passer facilement à travers la peau et entrer dans la circulation sanguine. Les effets recensés parlent d’états seconds matérialisés par des sensations de lévitation, d’hallucinations et de visions. Que du gros bonheur en perspective, quoi…, acheva l’herboriste avec un petit ricanement.

Rhéa appuya les coudes sur le comptoir, penchée vers son interlocutrice, elle planta son regard dans le sien, plus sérieuse.

-J’ai déjà eu des spécimens ici,
expliqua-t-elle, mais avec le climat de la région, ils sont difficiles à garder vivants. Et puis, les gens de la capitale préfèrent une autre «médication», si je peux l’exprimer ainsi. Mais bon, ce sont des modes parfois. Et, de toutes évidences, tu sembles connaître quelqu’un qui pourrait payer le prix fort, n’est-ce pas? Parce que, je te jure qu’en jouant habilement, cette petite beauté pourrait valoir son pesant d’or.

L’enjôleuse d’hulm se mit à siffler à nouveau, comme joyeuse de se retrouver aux premières loges de potentielles magouilles.

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Elle avait glissé le papier à l’herboriste avec l’espoir que ce serait suffisant pour en savoir plus. Bien heureusement, ce fut le cas. L’Alavirienne n’avait pas dû se questionner bien longtemps sur le type de cette plante, car déjà, elle donnait une première impression, qui tira un sourire amusé à la pirate. En effet, Nem n’avait pas pour habitude de se casser la tête pour une décoration de navire. Puis, la femme disparut dans l’arrière-boutique. Moment que prit Nem pour observer le reste de la pièce et les produits présents. Des noms passèrent sous ses yeux dont elle ignorait tout, elle continua ce petit manège jusqu’à ce que Rhéa apparaisse de nouveau avec un bouquin au creux des bras.

Nem avait l’intention d’écouter très attentivement, évidemment. Elle se devait d’en savoir le plus possible sur ce produit convoité de plusieurs si elle voulait être la première à mettre la main dessus. La plupart du temps, Nem n’aimait pas se prendre la tête et pouvait même laisser une part de chance et hasard dans la recette. Ce pouvait être amusant et parfois surprenant selon les résultats. Néanmoins cette fois-ci, avec cet élément particulier, elle ne voulait pas permettre aux événements de mal tournés. Elle était prête à accepter de laisser son navire amarré au port pour plusieurs jours, le temps de cette quête toute spéciale. Les voyages sur la terre ferme n’étaient décidément pas de ses préférés et elle pouvait même compter sur les doigts d’une main ses périples terrestres. Mais celui-ci en valait la peine. Si l’endroit était accessible en navire, ce serait génial, mais elle ne voulait pas trop espérer, au cas où elle serait déçue.

L’Aline appréciait le professionnalisme et les compétences de l’herboriste dans son domaine. C’était toujours un plaisir de faire affaire ensemble. Et puis, Nem n’avait pas besoin de chercher à cacher ses intentions, le profit au bout était généralement tout ce qui lui importait, et Rhéa l’avait vite compris. Si elle pouvait livrer le tout en bon état, c’était une énorme somme qui l’attendait. La première étape était de trouver cette plante en question, où qu’elle soit. La deuxième était de savoir comment la cueillir et la transporter avec elle. Pour cela, elle avait besoin de l’aide de Rhéa. Elle se doutait qu’elle ne pourrait pas simplement l’arracher du sol comme on faisait avec une mauvaise herbe.

Nem se pencha donc sur le livre pour observer d’abord les illustrations avec intérêt, puis laissa son attention se porter aux grandes lignes écrites. La flore terrestre n’avait jamais été son point fort et ne le serait probablement jamais. La destination était la forêt ombreuse. Le fleuve traversant la forêt était navigable. Nem et son équipage l’empruntaient lorsqu’ils montaient vers le Nord. Cependant, il n’y avait aucun port où amarrer le Dragon des Mers. Le port le plus proche… Il devait y en avoir un sur le lac Chen, autre que celui de la grande ville. Elle devra parcourir le reste du voyage autrement. À voir en temps et lieu. Elle concentra à nouveau son attention sur les paroles de l’Alavirienne.

La manipulation de cette plante n’était pas à prendre à la légère. Les effets pouvaient s’avérer sérieux et Nem hocha la tête. Puis, un nouveau défi s’ajouta ; celui de garder en vie le spécimen en question. Était-ce en plus une espèce capricieuse ? Pour la capitaine qui n’avait déjà pas la main verte, trouver une solution pour rapporter la plante en bon état n’était pas chose aisée. Heureusement que Rhéa détenait des réponses.

- Je n’peux pas m’permettre de perdre cette rareté lors du voyage de retour. Je mise là-dessus pour un bon coup. Ha ! Un bon coup, c’est peu dire. Le coup de l’année, plutôt !

Une légère moue trouva le visage de l’Aline alors qu’elle observait le croquis et le texte du large livre.

- Je m’doutais bien que ce n’serait pas une facile, celle-là. Je suis à l’écoute de tes conseils pour la cueillette et le transport. On pourra parler compensation ensuite, évidemment.

Le sourire étira à nouveau sur les lèvres de la capitaine avec plaisir et une pointe de cupidité alors qu’elle repensait à la récompense. Oh, ça en valait bien le défi.

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Les yeux bleus glace de Rhéa se mirent à pétiller et un demi-sourire ambigu vint fendre son joli minois, comme un parfait reflet de l’expression de l’Aline en face d’elle. Là, on se mettait à parler! En général, ce qu’il y avait d’exaltant dans les affaires interlopes, c’était indéniablement la part de défi inhérente à leur réalisation. Le goût de l’interdit aidant, et si on faisait fi des entraves morales, il existait dans ces activités une réelle façon de se sortir de l’ennui mortel du quotidien, qui agissait comme un corset étouffant sur les esprits les plus visionnaires. En tout cas, c’était l’argument fallacieux que Rhéa utilisait sans remords pour se justifier. Son motif principal pour s’embarquer dans des entreprises illicites demeurait souvent moins l’envie de s’enrichir que de stimuler son intellect dévorant et de mettre à l’épreuve son sens de la débrouillardise. Nem lui proposait donc une entreprise tout à fait dans ses cordes. Elle avait oublié combien les Capitaines de navires (pirates) se révélaient des partenaires en affaires hors de l’ordinaire…

À toute vitesse, l’herboriste fouilla dans ses souvenirs les soins particuliers que nécessitait la manne-dragon. Sa dernière tentative remontait bien à un an et, à vrai dire, la plante en question était morte au moment où Rhéa avait cessé de lui donner son entière attention, faute de temps. Elle se rappelait que ce type de plante appréciait tout particulièrement la présence d’un plein soleil, mais la véritable épine constituait son appréciation pour les milieux rocailleux. Une expression pensive passa sur le visage de l’herboriste, avant qu’elle ne choisisse bien ses mots et ne se risque en quelques vulgarisations.

-Bon. Nem, tout dépend si tu prévois un plan à long terme ou non. Si, vraiment, tu veux en faire le commerce, la culture s’avèrera plutôt ardue. La manne-dragon supporte mal la transplantation, en général. Tu peux en profiter pour recueillir quelques graines, cependant, et voir si tu décides de t’investir davantage dans le projet. Mais… Voilà… Ce n’est certainement pas dans une cale de navire que cette plante-là saura s’épanouir… Mais tu peux toujours m’en ramener. Je peux peut-être réussir à entretenir quelques plants pour toi, ici.

Elle laissa sa phrase en suspens. Bien entendu, il faudrait songer à parler rémunération, si la Capitaine décidait de requérir de tels services. Mais l’herboriste se ferait un immense plaisir de donner un coup de pouce vert pour ce genre d’entreprise.

Rhéa baissa les yeux sur les lignes de son bouquin d’herboristerie, le temps de valider quelques informations, tourna une page pour retrouver une note coincée dans la reliure. Elle prit un instant pour plisser les yeux et tenter d’en déchiffrer l’écriture serrée et cryptique (la sienne), ce qui eut pour effet de la glacer une seconde sur place. Se pouvait-il que…? Elle dut relire une nouvelle fois, puis tâcha de reprendre le cours de sa pensée.

-Hum… Bref. De toute façon, dans un premier temps, une cueillette pure et simple ne sera pas bien compliquée, enchaîna-t-elle un peu plus rapidement. Ce sont les baies et les feuilles qui détiennent les propriétés de la plante que tu recherches. Tu as de la chance, en fait. Si tu fais vite, la période de récolte n’est pas encore passée… Tiens. Je vais te donner des indications supplémentaires sur papier…

Elle joignit le geste à la parole et, vive, elle se retourna pour attraper quelques feuilles de parchemin et de quoi griffonner, comme pour se retrancher brusquement de la conversation. Ce qui ne lui ressemblait pas. Encore moins avec une personne comme Nem, qu’elle appréciait beaucoup. Aux prises avec d’intenses réflexions, l’herboriste observa un silence bizarre que seule l’enjôleuse d’hulm parvint à occuper d’un trille toujours guilleret.

-Tu sais, Nem… fit Rhéa avec hésitation, au bout d’un instant.En consultant mes notes, je me suis rappelé que la manne-dragon détient vraiment, vraiment beaucoup de propriétés différentes. Pas toutes narcotiques, mais passablement intéressantes quand même. Et couplée à d’autres plantes, elle peut devenir extrêmement puissante. Ça pourrait être utile pour certaines expérimentations que j’ai moi-même en cours en ce moment, à vrai dire.

Le hasard faisait parfois bien les choses ou, en tout cas, intervenait parfois à des moments bien opportuns. Le projet qui l’avait gardée debout toute la nuit et qui tirait ses traits de sommeil, celui-là même qui impliquait cette plante sur laquelle elle travaillait sans parvenir à en extraire les éléments toxiques… Eh bien, d’après ses notes, la manne-dragon pouvait en catalyser les effets. Elle détenait peut-être la solution au problème qui la tenaillait depuis trop longtemps.

-Dis… Que penserais-tu, en fait, d’avoir recours aux services d’une herboriste. Sur place, je veux dire. Ça pourrait utile, non? Pour être honnête, je pense que je pourrais définitivement y trouver mon compte, tenta Rhéa.

L'herboriste, si elle désirait mener ses propres projets à bien, nécessitait une autre partie de la plante, soit la racine en elle-même et non les baies. Or, la récolte des profondes racines requérait une expertise qu'elle ne désirait pas confier à des néophytes. Surtout pas, n'en déplaise à Nem, à des matelots plus habitués au savant maniement des codages qu'à l'entretien délicat d'herbacées. Et puis, la perspective de sortir de temps à autre des quatre murs de l'herboristerie pour se livrer à du travail de terrain l'enchantait beaucoup.

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La capitaine Aline pouvait se montrer patiente, réfléchie et à l’écoute des conseils de ceux qui dépassaient son érudition dans certaines matières. Elle savait se poser, malgré sa personnalité impulsive et tête brûlée. Lorsque le jeu en valait la peine, elle savait prendre sur soi. Nem était une femme accomplie, avec de l’expérience. Et si elle prenait la chance et l’impulsivité comme des outils utiles à sa vie de tous les jours, elle savait aussi quand se tourner vers une aide précieuse et attendre que les réponses lui soient partagées. Il ne valait pas la peine de se presser si c’était pour terminer en échec. Ça, elle l’avait bien compris avec le temps.

Elle se tenait debout devant l’herboriste, l’observant pendant qu’elle réfléchissait, se refusant de la couper dans son fil de pensée d’une question sans importance pour le moment. Elle se balança d’un pied à l’autre, changeant l’appui de sa jambe droite à celle de gauche. Nem n’y connaissait rien en plante et elle n’avait aucune passion pour celle-ci. Elle s’attendait à récolter des informations nécessaires seulement. Mais Rhéa la connaissait. Elle savait que Nem ne lui demandait pas un cours complet sur la Manne-dragon, mais bien simplement les trucs les plus simples pour la trouver, récolter et la ramener. Puis, lorsque Rhéa engagea la discussion, Nem se concentra sur les mots, hochant la tête et retenant ce qui serait important.

D’abord, définir le projet. L’Aline avait présenté son but, mais n’avait pas pris le temps de développer sur le sujet. Cherchant simplement des réponses rapides et utiles. Mais peut-être pouvait-elle se pencher davantage sur la question maintenant que Rhéa expliquait que tout pouvait dépendre de cela. L’idée d’un commerce approfondi était intéressante. Nem l’avait envisagée, surtout si sa vente se trouvait aussi riche qu’elle promettait. Cependant, la pirate n’avait ni la patience ni l’équipement pour s’occuper d’une plantation. Elle avait laissé l’idée éclore dans un coin de son esprit, choisissant d’y revenir plus tard. Rhéa lui conseilla de garder quelques graines, ce qui était une excellente idée si elle décidait de se lancer plus sérieusement dans le commerce de cette plante. Le plus intéressant, par contre, fut cette première proposition qui fut laissée en suspens — Nem y lut le sous-texte et le coin de ses lèvres s’étirèrent — d’entretenir quelques plants pour elle à l’herboristerie. C’était toujours agréable de discuter avec une personne ambitieuse, travaillante et à qui l’on pouvait faire confiance.

Puis, la femme replongea dans son bouquin, cherchant probablement de nouvelles informations ou peut-être pour vérifier quelques-unes de ses pensées ou interrogations. Nem nota l’expression de l’herboriste. Est-ce qu’une idée venait de lui traverser l’esprit ? Semblant remettre de l’ordre dans ses réflexions, elle reprit avec les détails que Nem avait attendus. Nem se pencha sur le bout de papier qu’elle gribouillait avec les nouvelles informations fournies. Le silence s’étira de nouveau. Silence durant lequel Nem fronça légèrement des sourcils, se demandant vivement ce qui occupait l’esprit de l’Alavirienne.

Ce fut avec une pointe d’hésitation que Rhéa continua. Nem leva un regard curieux sur elle. Elle ne fut pas certaine de savoir où voulait en venir l’herboriste au début. Elle l’écoutait d’une oreille, cherchant où se dirigeait la discussion. Parce que c’était bien beau et bien intéressant tout ça, mais ce n’était pas tellement la tasse de thé de la pirate. Ce fut lorsque Rhéa parla de ses propres expérimentations que Nem comprit qu’elle voyait déjà un avantage pour elle avec la Manne-dragon. Ce qui n’était pas plus mal, car ça pouvait aider grandement les négociations si les deux avaient quelque chose à tirer de leur partenariat. Nem chercha à apercevoir un moment les notes qui avaient mis l’idée en tête de Rhéa, mais renonça rapidement pour se concentrer sur la suite des paroles qui s’avérèrent fort intéressantes.

Avoir recours aux services d’une herboriste à bord. Les deux femmes se connaissaient bien et commerçaient ensemble depuis un bon moment maintenant. Nem savait que Rhéa n’était pas le genre de femme à sagement rester derrière le bureau de sa boutique. Néanmoins, elles n’avaient jamais travaillé ensemble sur le terrain. La demande surprit légèrement l’Aline qui posa ses pupilles bleues sur l’herboriste, jugeant un moment de ses intentions et sa motivation. Pour être tout à fait honnête, c’était une idée alléchante et Nem pouvait déjà y voir les avantages de l’avoir avec eux. Si elle faisait confiance à ses matelots pour tout ce qui concernait la mer et les combats, elle savait pertinemment que la flore du continent était un terrain inconnu pour la plupart d’entre eux. Pour elle aussi, ne le cachons pas. Rhéa s’y connaissait. L’avoir sur place signifiait la certitude d’une bonne récolte — de la bonne partie de la plante — pour elle et la femme pourrait se procurer ce dont elle avait besoin pour ses expériences personnelles. Un petit sourire satisfait éclaira finalement les lèvres de l’Aline.

C’est d’accord. Ta présence nous serait utile, je n’te le cache pas. Mais tu dois bien te douter que nous n’avons aucun talent avec les plantes de ce territoire. Ni même des îles, pour être tout à fait honnête. Je consacre ma vie à la mer et au commerce. T’avoir avec nous permettra de sécuriser la marchandise et promet une vente de l’article en bien meilleur état. J’suis rassurée de n’pas avoir à imaginer les marins tentés de ramasser des baies délicates avec leurs gestes brusques et fermes.

C’était accepté. C’était décidé. Nem aimait être capitaine, car elle pouvait prendre une décision de dernière minute — comme celle-ci — qui pouvait influencer le reste du voyage sans se prendre la tête. Une proposition intéressante lui était faite, elle n’avait pas l’intention de cracher dessus. C’était aussi utile pour elle que pour Rhéa.

J’suis bien contente que t’y trouves ton compte autant que moi. Si cette plante peut être utile autant dans tes affaires que dans les miennes, c’est une aventure qui sera plus rentable que je n’l’aurais pensé. Peut-être qu’en faire la culture pourrait s’avérer encore plus utile et intéressant, si on peut en bénéficier toutes les deux. C’est à garder en tête. On pourra en discuter à notre retour. Pour l’instant, l’heure est au voyage.

Laissant son regard parcourir la boutique vide à cette heure, Nem réfléchit un moment aux préparatifs. Elle devrait inclure Rhéa pour le compte des vivres, mais comme ils se trouvaient dans l’empire, ils n’auraient pas de problèmes pour s’arrêter et s’approvisionner le temps de rejoindre Al-Chen. Cependant, la suite serait plus ardue, car le reste du chemin devrait se faire sans navire. Ils pourraient se rendre au port le plus près de la forêt Ombreuse. Cependant, à partir de ce point, l’aventure se ferait sur terre. Nem n’appréciait pas toujours ces longs moments loin du Dragon des Mers, mais elle savait prendre sur elle si le profit en valait la peine.

As-tu quelque chose à préparer dans ta boutique avant de pouvoir te joindre à mon équipage ? Je vais faire les préparatifs de mon côté pour ton arrivée. Je pourrai te présenter le plan du voyage une fois sur le navire. Hm… Je te propose de se rejoindre ce soir, après le coucher du soleil. Auras-tu assez de temps pour tout arranger ?

C’était un regard sérieux que la Capitaine posait sur Rhéa. Était-ce trop précipité ? Elle pouvait repousser son voyage de quelques jours, mais elle ne voulait pas trop traîner. Surtout si la période de floraison était en ce moment, elle n’avait pas de temps à perdre. De son côté, elle était certaine de pouvoir organiser l’arrivée de l’herboriste sans trop de difficulté. Après tout, elle gardait toujours une place pour accueillir un possible voyageur à la bourse bien remplie. Ne restait qu’à savoir si Rhéa aurait le temps d’avertir de son départ, de faire son sac et d’emporter les outils nécessaires.

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