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Ciriath Telmare

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Ciriath Telmare
Etranger | Pirates Alines | Conseiller de l'Amiral [Capitaine légitime de La Perle]

Généralités

Nom | Telmare - se fait appeler Martel à l'Amiralerie.
Prénom | Ciriath
Sexe | Homme
Âge | Quarante-Neuf
Lieu de Naissance | Grande-Porte, Archipel Aline
Peuple | Pirates Alines
Métier | Conseiller de l'Amiral [Capitaine légitime de La Perle]

Description Physique

Il faudrait que je me regarde dans un miroir, un jour | Ciriath Telmare


« Vous êtes un sale type, vos tarifs sont d’un ridicule consommé mais – vous avez bien de la chance – c’est pas moi qui régale, alors ça ira pour cette fois. Mais retenez bien un truc : si vous faites un sale boulot de merdeux des rues, vous serez payé au coup de couteau. J’espère que c’est bien inscris dans votre sale caboche.

C’est un type pas très grand, des épaules assez larges, pas maigre, musclé surtout. J’veux dire, il a de la carrure, il se remarque. En tout cas, c’était le cas sur sa Perle. Je sais pas ce qu’il bricole maintenant, mais je pense pas qu’il ait pu perdre toute sa carcasse ! Il a jamais eu les cheveux très colorés, mais au dernière nouvelle – il prend de l’âge, le gars – il grisonnait bien. Poivre et sel. Ou cheveux petite-tempête, comme on dit ici. Vous voyez c’que ça veut dire ? Peu importe, vous avez l’idée.

Comment je pourrais vous décrire son visage ? Fiou, faut dire qu’il a changé. Quand il était gosse, il avait un visage tout rond, tout doux – ça lui donnait un air simplet. Mais en grandissant, il a eu un visage plus carré, un menton incisif et un regard … vorace ? Je ne sais pas. Il a toujours regardé les gens très intensément, en fait, même gosse. Il se cachait un peu derrière ses cheveux – il a toujours voulu avoir de la longueur, c’était la guerre pour les lui couper. Il s’les est p’tête ratiboisé depuis, hein, vous m’direz, j’en sais rien : mais je pense pas. Il y tenait, à ses cheveux. Mi-long donc, souvent. Bon. Voilà. Il avait des pommettes marquées, dans sa vingtaine, mais je sais pas depuis … Ca se voit peut-être moins. Et puis, s’il est plus sur son navire, il a peut-être pris de l’embonpoint hein ! Ca se voit souvent avec les marins : ils mettent pied à terre et ils enflent comme des flotteurs !

Le plus reconnaissable, c’est sa démarche : il a un beau pas. Me demandez pas ce que ça veut dire, tout le monde dit ça, on sait pas bien pourquoi, mais il marche bien, et ça se voit. Même s’il est plutôt petit, quand il marche, ça en jette. Bon bref.
J’peux pas trop vous dire ce qu’il porte, parce que bon, ça se change facilement, les habits ! Il était toujours en tenue de capitaine, avant, et il en avait une spécifique, propre et classe pour quand il était au Port – ici, à Pointe-aux-Phoques. Il aimait bien que ça en jette un peu – mais pas trop : il s’habillait pas en homme du monde, fallait que tout le monde sache que c’était un marin, un vrai, un qui sue sur son bateau, qui s’y casse les dents et qu’est pas le dernier à border une voile ou à poncer un vaigrage !

De toute façon, il a la peau d’un type qu’a vu tous les temps : déjà à trente ballets, il avait l’air d’en avoir cinquante ! Alors maintenant ! La peau ridée, brunie, des balafres un peu partout. Mais ça c’est pas très spécifique, vous allez en croiser des dizaines comme ça ! Enfin. Voilà. Faites avec ça, et vous ramenez les infos ici. Et faites vite, ils sont pas patients, les Telmare ! »

Gareb Frah, au service de Miriaw et Adeid Telmare

Caractère

Y croire. Y croire encore. Ne pas cesser d'y croire. Et puis faire. | Ciriath Telmare


__

« Mon frère bien-aimé,
Je crois que Ciriath s’est bien acclimaté ici ; je veux dire qu’il se tient bien, il est poli, il écoute et il comprend vite. C’est vrai qu’il est un peu têtu, mais très raisonnable. Il se montre serviable, s’entend très bien avec son cousin. Je le trouve plein d’affection et d’attention, bien qu’il me paraisse souvent taciturne, comme s’il se fermait : mais cela ne fait que quelques mois qu’il est ici, c’est sans doute normal. […]
Ton bien aimé frère, Adeid. »

__

« Mon très cher Elaoder,
[…] Je suis heureuse d’apprendre que Brilinn se porte pour le mieux, qu’il apparaît être un petit garçon doux et prometteur ! Ici, les choses se sont un peu apaisées depuis quelques semaines : Ciriath se montre moins impertinent, même s’il reste cabochard : son précepteur – qui nous disait la dernière fois être surpris et déçu qu’il se montre bagarreur, hautain et même manipulateur – nous a confié qu’il avait laissé de côté son agressivité, à notre grand soulagement. Pour ma part, je trouve qu’il fait montre d’un orgueil tout à fait déplacé à la maison. Malgré tout, il est toujours très attentionné envers son cousin, il participe sans rechigner aux tâches de la maison, et il met toujours autant de sérieux et de cœur dans ses apprentissages : il apprend vite, c’est un garçon très intelligent. […] Pourquoi ne viendriez-vous pas à Pointe-aux-Phoques fêter ses quatorze ans ? J’aurai grand plaisir à vous revoir !
Je vous embrasse tous les trois,
Miriaw »

__

« Elaoder,
[…] J’ai emmené ce mois-ci Ulik et Ciriath sur La Perle, et commencé leur apprentissage officiel. Ton fils apprend très vite, il est vif et il aime ça : autant manipuler la voilure qu’organiser les excursions, analyser les cartes et les conditions. Ulik est toujours un peu faible, il se remet lentement, mais la convalescence est longue. Heureusement, Ciriath lui est très fidèle et prends très bien soin de lui. Il fera un très bon second pour mon fils, s’il accepte de rester sur La Perle ! […]
Je suis un peu inquiet car Ulik m’a confié que Ciriath nourrissait des ambitions insensées. En dehors de nous et de notre fils, l’équipage le trouve méprisant, sous ses dehors d’apprenti modèle. J’espère qu’il gagnera un peu en humilité : ce n’est jamais bon pour un second de se croire invincible. […]
Comment se porte Brilinn ? Est-il toujours aussi appliqué que son frère ? Est-il toujours aussi gentil et généreux ? Il manque beaucoup à Ciriath, je crois.
Affectueusement,
Adeid »

__

« Je relis ces lettres et je suis pris d’une nostalgie curieuse, d’un malaise certain. Dans tous les derniers courriers de mon oncle et de ma tante, j’apparais comme un jeune homme prometteur mais plein d’orgueil, obtus, arrogant et plein d’ambition. Je crois que j’en étais devenu condescendant. C’est cet orgueil qui en a pris un coup, quand Ulik a pris le commandement de la Perle. Malgré tout mon amour pour lui – et par la Dame que je l’aimais – il a toujours été le plus faible d’entre nous, je l’ai toujours protégé et c’est peut-être ça qui m’a permis de rester respectable. Je me savais plus apte que lui à commander la Perle, mais il était le fils d’Adeid.

Heureusement, je ne ressemble plus à cela, n’est-ce pas ? J’ai laissé derrière moi mes ambitions de gamin, et désormais, je suis un Capitaine respecté, réaliste, efficace. Je mène ma barque et je sais pourquoi : je n’ai besoin de rien d’autre. Mon équipage m’apprécie désormais, même si ça n’a pas été évident pour commencer. […]
Merci de m’avoir adressé ces lettres, j’ai pris beaucoup de plaisir à les parcourir !
Ciriath »

__

« Il  croit énormément en sa réalité ; vous diriez « borné », je dis « idéaliste » et « opiniâtre ». Quand il a pris le contrôle de La Perle, il s’est un peu rangé, c’est vrai : il a profité, pendant quelques années, d’un bonheur simple et pur, il a vécu en harmonie avec son bateau, son épouse. Il a toujours respecté ses hommes mais il ne pardonne guère. Il sait enseigner et sanctionner – pour ça, c’est un homme bien fait. Il sait montrer son respect mais son amour – pas. Ou si peu. Pourtant, il a une force d’aimer incroyable, qu’il n’a jamais consacrée qu’à trois personnes au monde : son cousin Ulik, son épouse Anka, sa fille Naëth. […]

Il est tragiquement avare ; terriblement hypocrite. Il ment avec un naturel déconcertant, il se présente toujours sous un jour qui lui est favorable. Mais ce qui m’a le plus marqué durant toutes ces années, c’est sa jalousie terrifiante pour tout ce qui le surpasse, tout ce qui le menace, tout ce qui le remet en question. Il a besoin d’être admiré, écouté et il y parvient aisément, notamment parce qu’il est brutalement intelligent, fin lettré, cultivé et, sur son navire, parce qu’il sait commander et connaît la mer.

Qu’il soit reparti ne m’étonne pas : il a besoin de mondes à conquérir, d’idéaux à poursuivre. J’ai beau avoir une toute autre idée du sens de la vie, je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’admiration pour son acharnement. Lorsqu’il croit à quelque chose, il est inébranlable. »
Mémoire en Haute-Mer, Vaek Galjen – Lieutenant de la Perle

Histoire

On vieillit sans même s'y attendre : on se réveille un matin et tout à coup, le temps a passé.  | Ciriath Telmare




  • Pour bien comprendre une partie de cette histoire, il est conseillé de prendre connaissance de l'Histoire du Clan (rattaché à l'Amiralerie), ici]
  • Pour les éventuels flemmards, un petit résumé de l'histoire est disponible à la fin de la fiche



Qu’est-ce que ça braille, les gosses – ça vous dégoupille les tympans à vous faire lever la main pour les claquer ; sauf chez les Telmare. On roule pas sur l’or, dans cette maison vieillie mais bien entretenue, mais on vit bien, on s’efforce d’être nantis sans l’être, on a une maison propre et bien tenue, on s’embrasse sur le pas de la porte avant d’aller travailler, on fait des repas à deux plats même dans les moments difficiles, on s’habille élégant même si les couleurs sont passées ; et on ne claque pas les sales marmots, chez les Telmare.

C’est dans cette maison modeste mais propre que Ciriath s’époumonait, irritant la patience exemplaire de sa mère, et réclamant déjà son dû à une société plus ou moins encline à le lui accorder. Il devait recevoir un petit frère, Brilinn, un être calme et tendre, qu’il jalousa dès les premières secondes, tant l’attention qu’il recevait l’irritait.

Ciriath voguait sur ses dix ans, et ses parents, désireux de valoriser son intelligence, et de lui offrir des perspectives de vie, l’envoyèrent vivre chez son oncle et sa tante à Pointe-aux-Phoques. La générosité et l’affection d’Adeid et Miriaw était bien assez grande pour accueillir Ciriath auprès de leur propre fils, Ulik, de trois ans son aîné, mais déjà plus petit, plus frêle et régulièrement malade. Il reçut à Pointe-aux-Phoques une éducation lettrée, quelque peu aseptisée, dans un univers autrement plus aisé et de ce fait, plus distingué, que celui de ses parents – et pourtant, dans une chaleur très humaine, plus que ne l’avait été son foyer familial.

Les deux petits garçons brillants étaient très attachés l’un à l’autre. Choyé, admiré par ses parents, par son petit frère, par son oncle et sa tante, il fut prit d’une adolescence prétentieuse et agressive – et si l’agressivité finit par s’estomper - relativement, la condescendance et l’ambition restèrent bien ancré en lui. Elles furent exacerbées lorsqu’à quinze ans, il commença à apprendre la navigation, avec son cousin, sur La Perle.

*


« Elaoder, Ebena

Je ne sais comment expliquer ça. Vous savez que je me suis brisé la hanche et, malheureusement, la guérison se fait attendre. J’ai donc pris une décision difficile, mais nécessaire : j’ai confié à Ulik le commandement de La Perle. Je pense qu’il s’en sortira, accompagné par mon second, Hugaf, qui est rodé et connaît très bien le métier. Je comptais sur Ciriath pour l’accompagner et s’engager sur La Perle – où il pourrait devenir second un jour. Je lui ai adressé une demande en ce sens.

Il m’a répondu qu’il devait réfléchir – sans doute parce qu’il a fini par se faire une place parmi l’équipage du Grand Labbe. Au bout de presque deux ans, je peux le comprendre bien sûr ! Seulement, cela fait trois jours qu’il n’a pas reparu, ni sur le Grand Labbe, ni nulle part dans les tavernes de Pointe-aux-Phoques. J’ignore ce qui lui a pris ou ce qui lui est arrivé … Je sais que c’est un grand garçon, désormais, mais je reste inquiet. Si vous avez de ses nouvelles, pouvez-vous nous en informer au plus vite ?

Je vous adresse toute mon affection,

Adeid »

*

Le soleil blafard dégoulinait dans la pièce et réchauffait très légèrement l’atmosphère et le cuir des fauteuils bleus.

« Un sacré jeune poulet qui croit pouvoir conquérir les cieux, celui-là ; mais qui suis-je pour parler ? C’est un peu ce que nous voulons aussi, après tout. Intégrer le respect dans des caboches réticentes, faire enfin respecter le sang Aline car nul ne peut prétendre nous juger ni avoir d’ascendant sur nous : nous avons tenté de dialoguer et nous avons été meurtris par cet abandon terrible. Nous ne sommes pas de vulgaires rongeurs que l’on tolère ; nous sommes des joyaux.
Ce jeune pirate – Telmare, je crois – prétends vouloir - je vous répète ce qu’il m’a dit, vous me donnez votre opinion. Il dit (et il argumente, il ne le dit pas franchement à la légère) qu’il est possible d’étendre l’emprise des Alines sur toute l’étendue des terres orientales, de la pointe du désert des murmures à l’embouchure de la Loutoubre. C’est un homme futé – mais il parle trop : il m’a tout expliqué : le contrôle du Loutoubre et de la Voleuse, les montagnes : il connait bien la géographie du secteur et l’a cartographié. Pour lui, cette prise de contrôle doit permettre la réunification de l’Amiralerie et des Alines des Îles, doit permettre d’imposer respect et coopération à l’Empire, et - au demeurant – augmenter les ressources en bois des Alines, permettre l’accroissement de la production de navires et donc, d’amasser une belle somme d’argent. Ce qu’il dit moins, c’est qu’il compte bien se faire du blé avant ça : notamment en se mettant au service de types peu recommandables. Ah. Et il se prévoit une place de choix dans cette nouvelle alliance, je suppose. »


« Quel imbécile ! »

« Pas tant que ça », tiqua Alrùn Erinyes de sa voix froide, en esquissant un très léger sourire en coin.

Elle avait eu le temps de réfléchir longuement à cet échange et s’était fait une idée relativement précise de ce qu’elles pourraient faire de ce pirate très confiant. Elle s’appliqua à l’expliquer à ses sœurs, adoptant un ton de confidence, se penchant légèrement en avant.

« Bien sûr, nous n’avons rien à faire des Alines des Îles : ils sont la cause de notre honte, de notre douleur et de notre situation. Cependant, celui-là pourrait nous être utile. Essentiellement parce qu’il est particulièrement intelligent, mais pas tout à fait assez pour pouvoir nous échapper … »

*

« Ulik,

Nous avons grandi comme des frères et tu n’es rien, ni de plus ni de moins pour moi : j’ai toujours pensé que nous traverserions la vie ensemble, et voilà où j’en suis : tes cendres dans les mains, à balancer mes larmes dans la mer – comme si elle en avait besoin.

Tu m’aurais dit, toi, que ça servait à rien et que la mer est déjà assez salée. Tu m’aurais dit que j’étais con de partir et que t’avais besoin de moi – si j’avais lu tes lettres. Je te tiens dans mes mains et je te lâcherai plus jamais. Tu seras toujours dans le bois de la Perle.

Merci de m’avoir aimé sans condition.

Merci Ulik. »


Sa voix éclata toute seule sur les derniers mots et, pour se donner une contenance, Ciriath balança de toutes ses forces le linge qui renfermait les cendres de son cousin dans la mer qui s’éclatait sur les rochers en contrebas. Il utilisa une force incroyable qu’il ne se connaissait pas, une force pleine d’amour, une force violente que l’on ne trouve que lorsqu’on perd un peu de soi, une force rageuse et superbe. Le linge blanc étendit ses ailes, les cendres poussiéreuses scintillèrent dans l’air limpide en un nuage rapidement déchiré par le vent turbulent, transformé en rouleaux par la falaise. La drap fit plusieurs pirouettes avant de rejoindre la mer et les cendres s’évanouirent, moitié dans le vent, moitié dans l’eau comme un véritable navire.

*

C’est une rencontre un peu idiote, presque sotte, de celle que l’on ne raconte pas ou que l’on enjolive. Elle marchait sur le quai, digne et altière, légèrement vêtue sous le soleil clinquant – légèrement artificiel. Ciriath avait repris avec quelques difficultés le commandement de La Perle un an auparavant : la faiblesse de son cousin avait éveillé chez les matelots des élans, des ambitions maladroites. Trois semaines lui avaient été nécessaires pour débarquer trois matelots indélicats, avec une froide désinvolture, pour engager une bonne âme maladroite et un vieux loup délicat. Depuis, La Perle reprenait doucement la splendeur de ses années passées entre les mains d’Adeid Telmare.

C’est ledit Vieux Loup – Garadin de son prénom – qui lança la tourline – à laquelle était attachée une amarre - que la frêle jeune femme manqua de recevoir sur le crâne. Au lieu de quoi, l’œil attirée par le mouvement et la rouge couleur du bout, elle se retourna et attrapa, lestement, le tas mal lové. Garadin n’avait pas prêté davantage d’attention à la scène ; assez seulement pour avoir noté que quelqu’un avait réceptionné l’amarre et qu’il n’avait donc pas besoin de descendre dans l’immédiat. Il préparait donc la seconde amarre tandis que son Capitaine, les yeux rivés sur la silhouette vêtue de couleurs vives, sautait lestement sur le quai.
Anka – car c’était elle – était déjà en train de capeler l’aussière à un anneau. Et, d’un seul mouvement en se redressant, elle renvoya le dormant de l’amarre sur le navire, où Garadin le réceptionna mécaniquement.  Ciriath resta là, amusé, et lui sourit.

Bien entendu, son sourire allait en prendre un coup, cinq jours de tendresse plus tard, lorsqu’il allait apprendre le nom de sa belle inconnue.

*

« Anka,

Je n’ai gardé, de ma jeunesse amoureuse des lettres,
Que des palabres maladroites, que des bribes insipides
Là où longtemps, je me targuais d’être maitre,
Je me sens désormais démuni et stupide.

Et pourtant je cherche des mots, des mots à te tendre
Des mots charmants, des mots qui sauront te plaire
Et pour les mettre en valeur : des phrases. Et sans attendre,
Glisser dans les espaces ce que je ne peux taire

Alors je fouille et chaque mot, je le soumet à la question.
Ils ne savent rien dire, ils n’ont aucun courage
Ils sont trop sages, ils ont trop de raison,
Ils ne savent pas dire, ce que mon cœur enrage.

J’ai torturé des phrases, murmuré des rimes qui s’embrassent
J’ai voulu coudre des refrains, des vers et des chansons
Mais rien n’est suffisant, tout est faible et sans grâce,
Ils échouent à te dire mes élans et ma douce passion.

Ils sont tous impuissants : les calembours et les rondeaux,
Les fables et les romans, les poèmes et les sons,
J’en gémis de dépit, je crie sans dire un mot
Mes mots sont faibles et ton cœur est si bon.

Alors je confie aux vents ce que j’ai besoin que tu saches,
Qu’il chuchote dans ton cou et sous chacun de tes doigts,
Ce que tu m’emprisonnes et ce que tu m’arraches
Qu’il chuchote ce que je ne peux dire : il n’existe que toi. »

*

La cérémonie était grandiose à lui donner la nausée. Ciriath aimait le faste et la richesse, il s’enorgueillissait de la tiare en argent qui ornait le front de sa belle épouse, de la finesse du tissu de ses vêtements, bien sûr. Mais tout le reste lui donnait le vertige : il aimait la richesse mais pas l’étalage pestilentiel d’un héritage centenaire, cette manie de noyer les invités dans de l’or immérité. Jusqu’au chariot dégoulinant de bijoux qui devait les reconduire sur la Perle. Ciriath aimait le faste et la richesse, de ceux qui donnent de l’influence, de ceux qu’on a obtenus à la sueur de son front, que l’on a gagné : la richesse du triomphe, et non le triomphe de la richesse.

En cela, son épouse lui était un monstre de perfection : ambitieuse, intelligente, obstinée – il ignorait alors qu’il devrait le regretter – minutieuse, travailleuse.
Et lorsqu’on lui demanda s’il désirait la prendre pour épouse, il oublia tout : sa famille encombrante et la pression qu’ils faisaient poser sur ses épaules ; le faste étouffant, les dangers d’un navire, son ambition dormante : il n’y avait plus qu’elle et il dit oui. Il dit oui tout doucement, d’une voix qui ne lui ressemblait presque pas, un petit oui qui n’était adressé qu’à elle.

*

Il n’a jamais rien vu d’aussi affreux et d’aussi beau. Il n’a jamais eu aussi peur. Il n’a jamais eu autant de colère et de dépit. Il n’a jamais eu autant mal en regardant quelque chose qu’il aimait déjà profondément. Il entendait l’écho de sa voix, des mois auparavant, peu convaincue. Arrête-toi maintenant ! Repose-toi, regarde-moi cette matelote dandinante que tu fais ! Et il riait, à demi convaincu par ses conseils ; fier de l’acharnement de ce petit morceau de femme qui, en ayant grandit dans un monde très protégé, avait trouvé une âme engagée, travailleuse, et ne s’autorisait aucun relâchement. Il était fier, cherchait à demi à la protéger et l’invectivait de plus en plus régulièrement, vaguement conscient des dangers qu’elle faisait courir au petit être, et à elle-même. Mais à aucun moment il ne lui avait réellement donné l’ordre de cesser et à présent, il était pris d’une entrainante envie de mourir, pour se punir ou pour oublier.

Mais Naëth, arrivée trop tôt, se portait pourtant bien. C’est sa mère qui avait choisi ce prénom – c’était de loin le plus beau prénom du monde. C’était aussi l’enfant la plus douce, la plus courageuse et la plus battante qu’il lui ait été donné de voir. Elle méritait d’être aimé comme seul lui pourrait le faire. Il la prit dans ses bras, maladroitement, surpris de son poids plume, et consacra six ans à ses deux amours : Naëth et La Perle.

*

« Papa, me laisse pas ici. Je veux pas y aller. En plus Perline va s’ennuyer sans moi. »

Ciriath serra les dents, et se retourna sur sa fille. Il se sentait légèrement traitre, mais comme toujours, convaincu du bien fondé de sa décision. S’agenouillant, il attrapa ses petites mains de souillons, rêches et mal nettoyées, pour l’heure, et, avec un sourire et une petite pression sur les doigts, il prit la parole.

« Ecoute Naëth, tu ne vas pas rester longtemps. Je t’attendrai ici, au port, j’ai des affaires à régler. Nous nous reverrons bientôt. Et puis il y aura d’autres enfants de ton âge là-bas, chez tante Tsita.  Tu verras, elle est très gentille ! Quant à Perline, elle ne s’ennuiera pas ici. Les autres figures de proue lui tiendront compagnie. »

« D’accord Capitaine, j’irai. Mais je veux un sabre en échange. »

Cette gamine était sa mère, en tout point : futée et entêtée ; et comme son mère, elle était convaincue de son bon droit et prête à toutes les négociations.

« Ecoute moussaillon, on va passer un marché toi et moi. Tu vas chez tante Tatsi et en échange, tu auras un sabre de bois »

Naëth ouvrit la bouche, et il l’arrêta d’un geste sans appel.

« Attends ! N’oublie jamais qu’avant de contredire un marché, tu dois l’avoir écouté jusqu’au bout ! Ce sabre  te servira à t’entraîner et lorsque tu seras prête, tu auras le droit de posséder le tient. Cela te convient-t-il ? »

Et, après un court silence.

« Marché conclu Capitaine »

Pour lire l'intégralité de cette scène, c'est par ici


Sous le regard sombre de sa belle-sœur, Ciriath s’agenouilla à nouveau devant sa fille. Il la regarda un long moment, un peu trop, cherchant dans ses traits, dans son regard animé – légèrement triste, légèrement rancunier – des effluves de sa mère disparue.

« N’oublie pas notre marché ma fille. »

Ces deux semaines allaient être difficile pour eux deux – Ciriath en avait parfaitement conscience. Mais il ignorait, en embrassant sa fille et ne faisant volte-face, qu’il ne la verrait plus grandir.

J'ai préféré souffrir moi-même que de savoir qu'elle continuait à endurer ses tourments - c'était un livre qu'Anka lui avait offert; on avait peu de livres, sur un navires. Ils supportent mal l'humidité, ils sont des poids aussi. Mais celui-là était resté dans sa cabine. Ces mots étaient les premiers de l'ultime chapitre. Ils étaient splendides et légèrement insensés. Mais souvent, en se refusant de penser à sa fille, Ciriath songeait à ces mots, à leur sentiment bancal et à cette fuite en avant dont il était un héros. Elle comprendrait, il en était absolument certain.

*

C’est juste un murmure, froissé dans sa nuque, alors qu’il s’est presque assoupi contre la cloison de la taverne peu animée de Grande-Voile. Et ça lui fait l’effet d’un coup dans la nuque, ça l’achève, parce que soudain, il y a bien du passé qui remonte : des idéaux et des désillusions, des erreurs et une petite tentation d’y croire, une peur immense, une douleur et une certitude : il a aimé trois fois, il a perdu deux fois ; ce qui lui reste, il y tient démesurément.

« Alrùn Erinyes voudrait te rappeler que tu n’as pas accompli la mission qu’elle t’avait confiée. Cette mission est très importante pour elle : si tu n’es pas capable de la remplir, ta fille aura honte de toi, non ? »


Le ton doucereux remplaçait aisément le sourire malsain qu’il ne pouvait pas voir. La menace éclatait dans le propos et lui vrilla les tympans. Naëth ? Sûrement pas.

*

Il prit ses décisions rapidement. Il confia à son frère, Brilinn, qu’il n’avait guère revu depuis la naissance de Naëth, et qui travaillait depuis plusieurs années sur le Marmonde, le commandement de la Perle. L’enfant aimable et doux qu’était Brilinn avait, au cours des années, laissé la place à un adulte aigri, jaloux et profondément malheureux. Ciriath n’avait jamais été particulièrement proche de son frère, et, tout en étant conscient de ses difficultés, ne mesurait nullement sa douleur et l’état dans lequel il était, déjà.

Je serai de retour dans un mois, peut-être deux. Il avait dit ça avec conviction, il avait donné ses instructions et confié à son frère de récupérer sa fille chez Tsita, s’était assuré que les marins en prendraient soin.

Il ignorait encore qu’il ne reviendrait pas. Il ignorait ce qu’il adviendrait de La Perle sous le commandement de son frère. Il ignorait ce qu’il adviendrait de sa fille. Comme toujours, il croyait dur comme fer à ses plans et à sa réalité.

*


« Je crois qu’il serait convenable de leur adresser quelques présents qui vous soient plus chers. En guise de respect, comme marqueur d’alliance. C’est dans leur façon de faire, et c’est un moyen de démontrer votre implication personnelle. C’est ce que vous désirez, non ? »


La voix mesurée de Ciriath s’évanouit très progressivement. Il n’était pas très inquiet. L’Amiral était extrêmement raisonnable et surtout, il n’était pas fondamentalement opposé à ce qu’on ajoute des présents à ceux que les émissaires devaient apporter au Seigneur Fil’Ophel. D’ailleurs, répéter ces propos n’était qu’un exercice de style – ils avaient tout deux déjà eu cette conversation, et se contentaient d’établir en pratique ce qu’il convenait d’ajouter au tribut.

« Ma fille n’est donc pas un trésor suffisamment personnel pour ces Seigneurs ? Vous m’en voyez navré. Mais j’ajouterai quelques une de nos bouteilles les plus anciennes ; ainsi qu’une autre petite chose que, j’espère, ils percevront à sa juste valeur … »

Son regard était égaré par la fenêtre, qui s’ouvrait sur de grands jardins, entretenu mais non point dessiné au cordeau : l’Amiral Brepalus ne supportait pas qu’on ne laisse pas la folie de la nature s’exprimer un peu.

« Ordonnez d’ajouter un plant de notre Dolier bleu. J’espère qu’il saura en prendre soin, et le recevoir comme un témoignage de notre attachement à cette terre et la paix dans laquelle nous sommes. »

Le Grand Dolier était actuellement un bel arbre, de grande stature, qui étendait ses branches tombantes à l’extrémité ouest des jardins. Il avait été planté à l’arrivée des Alines sur ces terres, marquant leur désir de sédentarisation, et avait vécu. Il s’agissait d’un Dolier bleu, dont on faisait quelques plants, chaque année, qui revenaient comme récompense à certains citoyens ou lieutenants. Les feuilles du Dolier arborait de larges pédoncules bleutés. Offrir un plan de Dolier bleu à l’Empereur de Gwendalavir était effectivement un présent sérieux – pour peu qu’il soit capable de le comprendre.

Résumé de l'Histoire de Ciriath Telmare :


Informations personnelles

Citation de vous même | -
Pseudo | -
Age réel | 25
Pays d'origine | France
Parlez-nous de vous | Encore ? Je ne fais que ça, parler de moi !
Familier avec l'univers de Pierre Bottero ? Plus que la dernière fois, en fin de compte !

Comment avez vous connu le forum ? Toujours par erreur
Un commentaire sur le forum ? Il est beau. J'y suis bien. J'y reviens.

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LE VOILA !!!

Re-bienvenue, mon petit Ciriath Telmare 1545869974 J'ai hâte de lire la fiche entière de ce vieux pirate ! Allez on se dépêche Face

Courage pour la rédaction de l'histoire et tout Happy 2


descriptionCiriath Telmare EmptyRe: Ciriath Telmare

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Bienvenue en Gwendalavir


Bienvenue sur le forum, Ciriath !

Houuuuu un nouveau Telmare, intéressant thatlook

Je t'invite à consulter l'Encyclopédie si tu as des questions sur l'univers de Gwendalavir.
Tu peux également aller jeter un œil au guide du Nouveau Joueur pour t'aider à bien débuter sur le forum et construire ta fiche.
Finalement, tu peux aller faire une demande de parrainage si tu en ressens le besoin.

Lorsque tu as terminé, tu dois passer par ce sujet pour le signaler. Cela nous permet de te recenser plus facilement.

Tu peux aussi nous rejoindre sur Discord. Pense à inclure ton pseudo du forum dans ton pseudo sur le serveur. !

N'hésite pas à me contacter personnellement par MP pour toutes demandes ou questions !
Bon courage pour la rédaction de ta fiche.

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PAPAAAAAAAAA Envahissant

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Ayé.

J'ai terminé l'histoire, et avant de valider complètement, je voulais juste que @Naëth Telmare vérifie que les différents éléments de l'histoire, dates, noms, etc. lui conviennent et qu'il n'y a pas d'incohérence majeure. Et si éventuellement @Than Fil'Kalam voulait vérifier que la partie qui concerne le Clan lui convient, ce serait formidable o/

Voilà. Merciii OMG !

descriptionCiriath Telmare EmptyRe: Ciriath Telmare

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C'est parfait pour moi In love

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Ça me va également :D Oh chouette chouette chouette qu'on va s'amuser Happy 2

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Merci à vous deux ! C'est parti, plus qu'à obtenir la validation officielle 8)

OMG !

descriptionCiriath Telmare EmptyRe: Ciriath Telmare

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Fiche Validée


Je déclare cette fiche officiellement VALIDÉE !

Désolée pour le délai, encore.  Dsl
Très chouette fiche en tout cas, mais j'en attendais pas moins de toi. Je tiens quand même à faire remarquer que tu as écris un poème. UN POÈME quoi ! Oui, je suis impressionnable, parfaitement !  Face

N'hésite pas à faire ton journal de personnage.
Tu peux également faire une demande de RP et une demande de lien.
Enfin, tu peux allez jeter un œil aux quêtes !

L'équipe administrative reste toujours disponible pour toutes demandes ou questions.
Bienvenue encore parmi nous et bon jeu !  

descriptionCiriath Telmare EmptyRe: Ciriath Telmare

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