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Wyska Benorith

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Wyska Benorith
Alavirien Alavirien Acrobate
Généralités
Nom
Benorith
Prénom
Wyska
Genre
Femme
Âge
Date de Naissance
Été de l'année 150
Lieu de Naissance
Quelque part sur la route
Peuple
Alavirienne
Métier
Acrobate
Description Physique
En fait... Je suis là depuis le début.Wyska Benorith
Wyska n'est pas d'une beauté qui attire tous les regards. Elle passe plutôt inaperçue dans la foule, mais lorsqu'on lui accorde une attention particulière, elle sait captiver le regard pour un instant. Du haut de ses dix-sept années, elle est cependant encore considérée comme une enfant par la plupart des hommes, ce qui ne la dérange pas vraiment, c'est le dernier de ses soucis.   
   
Plus en détail, Wyska a un visage de forme ovale aux pommettes basses. La ligne de sa mâchoire ni trop carré ni trop ronde se termine sous un menton arrondi. Ses traits sont doux et encore cachés sous la rondeur d'un visage tout juste sortie de l'enfance. Ses yeux légèrement enfoncés sont ceux de son père. Ils sont d'un vert pâle changeant selon la luminosité de la journée. Ils seront plus foncés lors d'une journée nuageuse et plus claire lorsque le soleil se fait très présent. Ils sont entourés de cils foncés étant juste assez longs pour être jolie et ils sont surmontés d'un sourcil droit peu fourni dont elle ne s'occupe pas. Elle a un nez court et retroussé qui lui donne parfois un air d'enfant lorsqu'elle le plisse de mécontentement. Ses lèvres sont charnues sans pour autant paraître sensuelle. Sa bouche ni trop large, ni trop étroite, est tout simplement parfaite pour la forme de son visage. Sa peau garde un beige clair et malgré ses nombreuses heures passées sous le soleil, elle ne bronze que très peu. Avec beaucoup de chance, son teint peut s'approcher d'un beige doré après un été complet de pleines journées ensoleillées.     
   
Les cheveux encadrant son visage sont de couleur chocolat et les plus courtes mèches lui arrivent tout juste au menton. Ses cheveux descendent jusqu'à ses reins, mais sont très rarement laissés libres dans le vent. La plupart du temps, ils seront tressés dans son dos ou simplement attachés en une couette rapide, mais efficace. Elle les garde attachés puisque c'est plus pratique pour les acrobaties qu'elle peut faire à n'importe quelle heure de la journée. La longueur de ses cheveux rivalise avec ceux de sa mère; lorsqu'elle n'était encore qu'une petite fille, elle avait ce désir de ressembler à sa mère et avoir la même grâce que celle qu'elle voyait comme son idole. Au fil du temps, elle s'était habituée à ses cheveux longs et ne voudrait pas les couper, même si ce n'était pas toujours très pratique.    
   
Wyska a un corps mince et musclé par ses années d'entraînement dans le cirque. Elle peut très facilement soulever son propre poids et se tenir longuement sur les mains. Elle a un bon contrôle de son corps; elle est très flexible et se déplace finement. Elle sait se défendre et éviter les coups, mais se ferait très vite mettre au tapis dans n'importe quel vrai combat.    
Elle a une morphologie en forme de sablier, mais elle a peu de courbe au niveau de la poitrine. Sa petite poitrine la complexe un peu, mais peut en même temps se montrer pratique. Ses courbes peu développées la font aussi paraître plus jeune, mais son ventre ainsi que ses jambes sont bien dessinés. Elle a une posture droite et se promène la tête haute, sans pour autant snober son entourage. Elle dégage une grande confiance en elle malgré les incertitudes dont elle est parfois la proie.    
   
Pour ce qui est de sa garde-robe, la jeune acrobate a peu d'ensembles différents. Le manque de rangement et la pauvreté sont les deux principales causes de ce manque de vêtements, mais elle le vit très bien. Le plus souvent, elle revêtit ses habits d'entraînements qui sont confortables et très pratiques. Elle en a un rose et rouge qui laisse son ventre à découvert et l'autre est un juste au corps noir. Le reste du temps, elle porte soit ses tuniques kaki ou rouge avec un pantalon soit sa robe dans les teintes de verts serrée à la taille. Ses costumes de spectacle sont rangés dans un coffre près de son lit, mais ne sont pas très variés non plus. Le plus souvent, elle va modifier le costume à l'aide de sa mère pour coller au thème du spectacle.



Caractère
J'aime vraiment être seule. Je le sais, car je suis entourée. Maintenant, fiches-moi la paix s'il te plait.Wyska Benorith
Aventureuse   
Wyska a une soif d'aventure. Elle veut voir le monde. Elle est dans le cirque, mais les contraintes l'énervent un peu. Elle doit s'entraîner, préparer ses numéros, suivre la troupe, s'arrêter dans des villages précis pour les spectacles. Elle a toujours apprécié cette façon de vivre, mais elle commence à vouloir essayer autre chose, explorer autre chose. Elle veut pouvoir aller où elle veut quand elle veut et découvrir les mystères que cache ce monde. Comme la forêt sombre dans laquelle il lui est interdit de s'aventurer, les montagnes qu'elle ne voit que de loin, les cours d'eau qui lui semblent infinis. Elle veut marcher entre les arbres de cette forêt mystérieuse, se rendre au sommet de la montagne pour surplomber le monde et trouver là où commence et termine la rivière. Toutes ses choses, elle veut les voir de ses yeux. Pas les lire. Pas les entendre. Les voir avec sa propre âme.    
   
Confiante 
Malgré les hésitations qui l'envahissent parfois, Wyska dégage une grande confiance en elle. Lorsqu'elle sait ce qu'elle veut, elle ne laisse pas les autres lui barrer le chemin. Elle a parfois de la difficulté à prendre des décisions, mais cela ne change pas le fait qu'elle croit en elle et en ce qu'elle est capable d'accomplir. Elle a parfois besoin de quelques mots pour la rassurer de la part de sa mère, mais plus elle vieillit et moins elle en a besoin. Depuis sa rencontre avec Shaert, elle s'affirme encore plus.    
   
Curieuse
Depuis qu'elle est haute comme trois pommes, Wyska a ce besoin de savoir et d'explorer ce qui l'entoure. Sa curiosité n'est assouvie que lorsqu'elle considère que les réponses à ses questions sont les bonnes. Elle a toujours été intriguée par ce qu'elle ne pouvait pas comprendre. La curiosité bat parfois ses inquiétudes et arrive à la faire bouger sans ses longs moments de réflexion habituels. Il lui arrive de se retrouver ensuite dans une situation où elle se demande ce qu'elle fait là ou pourquoi elle s'y est rendue. Lorsqu'une personne pique sa curiosité, Wyska peut étonnamment devenir très bavarde, mais la plupart du temps, elle ne se contente que de fixer la personne de loin.   
    
Déterminée
Une fois qu'elle a quelque chose en tête, elle est déterminée à l'accomplir. On pourrait presque la qualifier de têtue, mais elle se considère plus comme déterminée à mener à bien sa tâche. Elle est prête à écouter les autres lorsque cela en vaut la peine et à changer d'avis si elle réalise que finalement, ce n'est pas une très bonne idée. Mais aussi longtemps que l'idée reste dans son esprit, elle compte l'achever de son mieux.    
Elle a aussi ce désir de dépasser ses limites. Elle ne se contente pas de ce qu'elle sait faire et de ce qu'elle a accompli. Elle s'entraîne toujours plus pour se perfectionner et considère qu'elle en a encore beaucoup à apprendre.    
    
Discrète
Elle passe très souvent inaperçue dans la masse et elle n'essaie pas d'attirer l'attention. D'ailleurs, elle n'aime pas être le centre de l'attention à un endroit autre que sur la scène. Elle préfère se concentrer sur ses propres affaires. Elle n'a pas besoin de la reconnaissance des autres et si ses numéros sont appréciés du public, c'est bien assez pour elle. Elle aime se promener et faire ce qu'elle veut sans se soucier des autres. Elle est très bien avec elle-même.   
    
Égoïste
Wyska peut être considéré comme une jeune femme égoïste. Elle fait passer sa propre personne avant les autres. Elle pense plus à elle qu'autre chose lorsque vient le temps de faire un choix, mais cela ne fait pas d'elle une méchante fille. C'est simplement que ce qui ne l'affecte pas directement ne la touche pas vraiment. Elle passe par-dessus sans y porter plus d'attention qu'il n'y faudrait. Elle ne le fait pas par méchanceté, c'est simplement qu'elle se fiche un peu des autres. Elle n'est pas irrespectueuse ou froide, mais elle n'est pas particulièrement portée à aller vers les autres écouter leur histoire. En cas d'urgence, elle est prête à courir au secours de quelqu'un et surtout lorsque ce sont des gens auxquels elle tient, mais dans d'autres circonstances, elle ne se mêle pas de la vie des autres. Elle n'a pas tout à fait conscience de la misère du monde à proprement parler non plus.   
    
Joyeuse
Tout comme sa mère, Wyska a cette joie de vivre contagieuse. Un sourire éclaire souvent son visage même si la cause reste inconnue pour la majorité de son entourage. Elle aime la vie et est heureuse de vivre. Elle essaie de s'amuser dans tout ce qu'elle entreprend. Wyska n'a jamais eu de grand problème dans sa vie. Mise à part l'incertitude de certains jours dont elle ne fait pas toujours attention dans le cirque, elle ne réalise que la vie peut être difficile. Elle a donc encore une grande confiance en la vie.   
    
Observatrice
Plutôt que de parler, Wyska préfère écouter et surtout observer. Elle a tendance à fixer les gens, parfois un peu trop longtemps sans toujours réaliser que cela peut paraître étrange. Elle essaie de ne laisser aucun détail lui échapper, mais n'est pas encore à l'affut du moindre geste comme elle le voudrait. Elle porte une attention particulière à ce qui l'entoure, même si certains éléments arrivent à lui échapper.    
Depuis sa rencontre avec Shaert, elle a beaucoup développé son sens de l'observation, mais même en le fixant longuement, elle n'a toujours pas trouvé comment il pouvait être aussi habile à vivre.    
    
Fière
Elle ne veut en aucun cas montrer ses faiblesses à son entourage ou à n'importe qui qu'elle pourrait rencontrer. Elle déteste l'idée de paraître faible et ne veut pas non plus se montrer blessée, même si elle l'est profondément. Elle va retenir ses larmes jusqu'à être seule pour pleurer, que ce soit devant un inconnu ou un proche.    
Elle veut être en contrôle de ce qu'elle fait, de ce qu'elle décide et ressent. Elle n'est pas tyrannique et avide de pouvoir. Elle veut simplement contrôler ses propres actions. L'idée que quelqu'un décide pour elle ne l'enchante pas du tout. Elle l'accepte dans la mesure des contraintes de ce qu'elle choisit, mais sans plus.    
    
Réfléchie  
Avant de parler, avant d'agir, Wyska prend souvent un moment de réflexion. Elle pèse le pour et le contre. Elle se pose des questions à savoir ce qui est le mieux pour elle. Elle va très rarement prendre une décision impulsive. Cela risque d'arriver seulement lorsqu'elle est poussée par la curiosité. Elle préfère observer la situation et trouver ce qui est le mieux à faire. À cause de ses longs moments de réflexion, Wyska a parfois de la difficulté à se décider sur ce qu'elle veut faire. Différentes raisons peuvent lui donner envie de choisir plusieurs des possibilités alors qu'elle ne le peut pas. Souvent, lorsqu'elle réfléchit trop, les inquiétudes s'en mêlent et compliquent parfois les choses.    
   
Sérieuse
Dans ses entraînements, dans le cirque  et  dans  presque tout  ce qu’elle entreprend. Lorsqu’elle se décide à faire quelque chose, elle  le fait. Elle sait ce qu'elle veut obtenir et compte bien y arriver. Il ne faut pas confondre, elle n'est pas rabat-joie pour autant. Elle sait seulement quand arrêter de rigoler et garder son sérieux. Tout de même, ce n’est  pas une grande farceuse et avec sa facette solitaire on peut facilement la considérer froide, alors que ce n’est pas le cas du tout.    
    
Silencieuse
Wyska ne parle pas beaucoup. En fait, elle considère que parler pour ne rien dire est énervant. Elle ne voit pas l'intérêt de meubler un silence par une parole inutile. Elle ne se force donc aucunement pour faire la discussion avec quelqu'un. Par contre, lorsqu'elle se montre intéressée par un sujet, elle peut étonner les gens à faire part de son avis et de ses pensées qu'elle garde souvent pour elle-même.    
En présence d'inconnu, Wyska devient encore plus silencieuse. Elle ne sait pas quoi dire, alors elle ne se contente que de garder le silence. Elle écoute beaucoup plus lorsqu'elle est entourée plutôt que de parler elle-même. Un hochement de tête par-ci et par-là et elle fait partie du groupe de discussion sans avoir à ouvrir la bouche.   
    
Solitaire
Ce n’est pas qu’elle n’aime pas la compagnie, c’est simplement qu'elle préfère être avec elle-même. Elle ne se mêle pas beaucoup à la troupe, même si elle connait tout le monde et leur parle régulièrement. Être avec les autres ne la dérange pas toujours et elle aime même discuter lorsque le sujet est intéressant, mais sans plus. Elle ne comprend tout simplement pas comment certaines personnes font pour être sociales. De son côté, elle n'aime pas parler à ceux qu'elle ne connait pas, car elle ne sait tout simplement pas comment engager la discussion ou bien comment l'entretenir. Comme elle a tendance à garder ses pensées pour elle, les gens trouvent moins agréable de rester avec elle. Elle s'est rapidement rendu compte que le silence est quelque chose de parfois inconfortable pour les autres.   
Cependant, lorsqu'elle se lie d'amitié avec quelqu'un, elle s'attache beaucoup et préfère ne jamais les voir partir, ce qui est souvent impossible. Elle accorde une grande importance à la famille et est très proche de ses frères ainsi que de ses parents.   
    
Wyska 
Voici les traits principaux qui forgent la personnalité de Wyska. Les événements et les gens qu'elle rencontre peuvent influencer sa personnalité, mais ces traits fondamentaux sont ceux qui la définissent au plus profond d'elle-même. À partir de là, les actions prennent leur sens. Elle considère qu'elle commence tout juste à vivre. Elle veut vivre des expériences différentes et elle est prête à se lancer dans l'aventure. Sauf qu'il y a toujours un mais.



Histoire
J'aime bien voir le monde la tête en bas.Wyska Benorith
BAM   
 
La porte se referma si fort derrière la jeune femme que celle-ci crut un moment que les murs allaient s’effondrer. Malheureusement, ses espoirs furent vains. La maison se tenait toujours droite et imposante au milieu de la ville et un grognement d’énervement s’échappa des lèvres de la femme. Toujours non. C’était injuste. Elle allait avoir dix-neuf ans. Elle pouvait décider elle-même comment elle voulait vivre sa vie. Il n’était pas question qu’elle reste à la maison jusqu’à trouver un mari convenable. La vie offrait tellement mieux qu’un destin de ménagère. Sa mère appréciait peut-être cette façon de vivre aisément et sans travailler, mais ce n’était pas l’avis de la jeune femme. Ses parents essayaient encore de contrôler sa vie comme lorsqu’elle avait une dizaine d’années. Maintenant, elle devait avancer elle-même sur le chemin qu’elle choisirait. Et même si ses choix se retrouvaient à être les mauvais, elle n’aurait qu’à se relever, recommencer. Ses parents ne devraient-ils pas être derrière elle à l’encourager ? Vivre signifiait faire des erreurs et apprendre d’elles. Elle voulait faire ses erreurs et les pleurer, les regretter, mais avoir au moins pu les vivre comme elle le souhaitait.    
 
Après avoir quitté la maison, elle marcha d’un pas furieux, mais résolu vers les berges du lac qui n’étaient pas très loin. Cet endroit était son refuge, l’endroit où elle allait lorsqu’elle était contrariée, triste, perdue. Elle se sentait tout de suite mieux lorsque son regard noisette se posait sur cette grande étendue bleue. Avec un soupir triste, la jeune femme s’accota sur le muret de pierre longeant le chemin près du lac. Elle posa son regard sur le paysage. Au fond d’elle, elle comprenait la réaction de ses parents. Ils voulaient seulement qu’elle ne vive pas dans la misère. Elle comprenait pourquoi ils ne pouvaient pas laisser leur fille unique quitter la maison pour une vie d’incertitude. Mais cela ne changeait rien à son désir. Elle voulait vivre cette vie. Elle savait les risques, mais c’était ce genre de vie qu’elle voulait. Peu importait ce que ses parents disaient. Elle suivrait son chemin. Elle ferma les yeux. Demain. Demain, elle allait quitter la maison. Qu’importe ce qu’ils diraient, qu’importe ce qu’ils feraient. Elle rejoindrait le cirque.    
 
***   
 
Parfait. C’était parfait. Il pouvait être fier de lui. Sa dernière recette lui semblait tout à fait au point. Il avait passé plusieurs semaines à la concocter sans trouver ce qu’il avait oublié. Sans cet élément, la recette était au mieux bonne, mais jamais excellente. Ce n’était pas digne de figurer dans son livre de recettes. Mais finalement, il avait trouvé. Ajouter l’ingrédient mystère, quelques épices fraîches et bien trouvées, le tour était joué ! Les effluves qui se répandaient dans la cuisine étaient tout simplement délicieux. Elles attiraient le moindre curieux qui passait devant la fenêtre ouverte et le reste de la famille n’en pouvait plus d’attendre derrière la porte qu’il ait terminé le repas.    
 
Dans la famille, il y avait longtemps maintenant qu’on lui avait laissé la tâche de faire la cuisine. Il avait un talent divin pour cela. En tout cas, c’était ce que ses frères et sœurs pensaient à chaque bouchée. Ces plats demandaient parfois de longues heures de préparation sous le bruit des ventres qui grondent, mais dès que la famille goûtait, elle ne regrettait pas du tout l’attente. Cela en valait mille fois la peine. Délicieux n’était même pas un mot assez fort pour décrire le mélange de bonheur en chacun d’eux dès qu’ils mangeaient un repas préparé par leur frère. Il fut rapidement difficile d’aller manger ailleurs. Mais bon, sa famille n’était pas si objective. Le jeune homme avait quand même ce talent qui ne pouvait être nié et comptait bien s’en faire un métier. Il adorait cuisiner. Depuis qu’il était tout petit, il avait les pieds dans la cuisine à aider sa mère à préparer le dîner. Il ne savait pas encore par où commencer, mais il savait avoir sa famille derrière lui. Même si cette dernière préférerait qu’il reste cuisiné pour eux, ils l’encourageaient à poursuivre son rêve de montrer au monde entier ses merveilleux talents en cuisine. Comme le disait sa sœur ainée : « Il fallait que tout le monde puisse goûter au paradis ! » Cette phrase l’avait toujours fait sourire.    
 
Posant le repas sur la table, il n’eut même pas à appeler les autres. Tout le monde était déjà assis à regarder avec hâte la nourriture devant eux. Avec un sourire, le cuisinier servit chaque membre de sa famille qui commença sans attendre les autres à se régaler avec joie. Il aimait cuisiner pour sa famille excentrique. Il savait qu’un jour il partirait. Alors, autant en profiter et les faire rêver à chaque bouchée.     
 
***   
 
Elle s’appelait Helvia. Il y avait maintenant deux ans qu’elle avait rejoint la troupe de cirques dont son oncle était propriétaire. Ses talents n’étaient pas passés inaperçus auprès des gens et son oncle avait été très heureux de l’accueillir parmi eux. Elle avait choisi la même vie que lui. Cette même vie qui lui avait valu un froid avec son frère. Cette même vie qui vaudrait à Helvia un froid avec ses parents. La jeune femme s’était spécialisée dans le funambulisme. Elle adorait être en hauteur, si près du ciel. Elle se sentait presque volée en marchant sur ce mince fil. Depuis qu’elle avait joint la troupe, le sourire n’avait pas semblé quitter son visage, malgré les temps parfois difficiles. Elle était heureuse. Elle resplendissait à chacun de ses spectacles. Du haut du chapiteau, elle regardait le public qui s’inquiétait de la suite des événements et leur envoyait son plus beau sourire. Les gens l’applaudissaient toujours très fort et elle les saluait avec un grand bonheur. C’était grâce à ces gens-là qu’elle pouvait faire ce qu’elle faisait. Elle avait conscience que sans eux, il n’y aurait pas de cirque. Sans cirque, elle ne serait pas celle qu’elle est. Les costumes et maquillages de scène étaient maintenant son quotidien, presque son apparence à part entière et elle adorait cela. Elle n’aurait pu rêver mieux, même si depuis, elle n’avait pas reparlé à ses parents.  
    
Il s’appelait Liodas. Il n’avait pas encore quitté le foyer familial, mais il préparait un livre complet de ses recettes pour le moment venu. Il voulait être prêt pour son départ et ne pas se faire prendre au dépourvu. Il ne voulait rien oublier non plus. Pour s’en assurer, il avait décidé d’écrire ce livre qui n’appartiendrait qu’à lui-même. Il passait ses journées dans la cuisine et ses soirées dans sa chambre à écrire et mettre au point ses recettes. Un soir, son ainée dont il était le plus proche fit irruption dans la pièce où il s’enfermait. Elle l’obligea à mettre ses écrits de côté pour l’accompagner. Il restait trop souvent seul dans son coin selon elle. Il avait besoin d’interaction sociale aussi. Ce qui n’était pas faux. Il accepta donc avec hésitation l’invitation de sa sœur. Elle l’emmena voir le spectacle d’une troupe ambulante qui s’était arrêté dans leur village. La soirée fut animée et beaucoup plus plaisante que ce qu’il aurait pensé. Il ne serait probablement jamais allé voir un spectacle de cirque par lui-même, mais il réalisait à quel point cela aurait été une erreur. Surtout depuis qu’il l’avait vue.    
 
En entrant, elle avait su capturer tous les regards. Son costume de scène d’un blanc cassé lui allait à ravir avec ses brillants et motifs. Son maquillage mettait ses petits yeux noisette en valeur et leur procurait une touche mystérieuse qui intrigua plus d’un homme ce soir-là. Ses longs cheveux blonds cascadaient sur ses épaules pour ne s’arrêter qu’à ses reins. Elle grimpa avec grâce à l’échelle, et rendue tout en haut, elle fit une révérence au public. Il ne put la quitter des yeux une seule fois. Elle était si belle et si envoutante. En même temps, elle dégageait un bonheur et une gentillesse qu’il avait rarement vus. Il aurait voulu l’approcher, l’aborder, mais comment ?    
 
Les jours suivants, Liodas les passa dans le public à regarder sans jamais se lasser les tours de la jeune femme qui, avait-il appris, s’appelait Helvia. Un soir où il sortait en dernier du chapiteau, il se fit aborder par un homme plus âgé. Il reconnut à son costume et à sa moustache mince, le bonimenteur du spectacle. L’homme se présenta comme le propriétaire du cirque. Il voulait seulement avoir son avis sur le spectacle. Pendant qu’ils parlaient, les gens s’affairaient autour du chapiteau pour ranger les accessoires. Puis, il la vit à nouveau. Elle était habillée d’une simple robe de toile mauve serrée à la taille qui n’enlevait rien à sa beauté. Lorsque le propriétaire le laissa partir, Liodas s’approcha de la jeune femme pour lui proposer son aide. Surprise, Helvia ne sut pas quoi répondre, mais accepta très vite d’un sourire. Il était mignon avec son air incertain. Dans un silence un peu gêné, ils rangèrent quelques accessoires qui trainaient dans les boîtes prévues à cet effet. Une fois les boîtes remplies, ils les prirent pour les emmener à l’arrière. Suivant Helvia, le jeune homme prit la parole pour s’informer sur elle et le cirque. La discussion s’engagea doucement. Ils parlaient chacun leur tour avec timidité, incertains de quoi dire ou ne pas dire.     
 
Sortant du chapiteau, ils firent quelques pas vers un chariot avant de se faire interrompre par des aboiements joyeux. Un gigantesque chien poilu fonça alors sur Liodas qui échappa la boîte qu’il tenait. L’animal écrasa le jeune homme de tout son poids en aboyant gaiement et en léchant le visage de ce qui semblait être devenu son nouvel ami. Helvia demanda au chien de se reculer gentiment. Celui-ci exécuta l’ordre et s’assit face aux deux personnes. Liodas s’assit sur le gazon mouillé et alors que Helvia s’excusait, il éclata de rire. La jeune femme le fixa un moment puis se laissa aussi entraîner dans ce fou rire accompagné des aboiements du chien qui avait recommencé à sauter autour d’eux. Lorsqu’ils se furent un peu calmés, Helvia tendit la main à Liodas qui la prit avec le rouge aux joues. Le malaise qu’il y avait eu entre eux deux n’existait plus. Helvia lui présenta Roumi, le chien et la mascotte de la troupe. Liodas caressa la tête de l’animal qui se montra ravi et ramassa la boîte et les accessoires qui s’étaient étalés sur le sol. En continuant la route, ils reprirent leur discussion, beaucoup plus animée cette fois, suivi par Roumi le gros chien.    
 
Le lendemain, après le spectacle, Helvia rapporta la dernière boîte d’accessoires à la caravane. Ils avaient presque tout rangé. Elle posa la boîte sur une autre et soupira. Elle regarda toutes les boîtes pour s’assurer qu’elles étaient bien placées et fermées pour que rien ne brise durant le voyage. Tout avait l’air en ordre. Elle allait refermer la porte lorsque son oncle lui fit signe. Elle le regarda, intriguée. Il lui fit signe de se tourner. Fronçant les sourcils avec curiosité, elle se retourna lentement. Son cœur fit un bond lorsqu’elle le vit. Il regardait autour puis son regard vert foncé croisa le sien. Il lui sourit et elle ne put s’empêcher de sourire à son tour.    
 
***    
 
Sa décision était prise. Il ferma son dernier bagage avec le sourire aux lèvres. Il avait déjà hâte de partir les rejoindre. Il s’était entendu avec le propriétaire la veille au soir, après leur dernier spectacle dans les environs. La troupe repartait et il y aurait un membre de plus. Enfin, s’il était possible de dire ça comme ça. Il n’allait pas être artiste de scène, mais artiste aux fourneaux. Le propriétaire l’avait engagé comme cuisinier pour la troupe. Il n’aurait pu rêver mieux. Il allait pouvoir rencontrer beaucoup de gens et découvrir plein de goûts différents en voyageant avec ses recettes. Mais ce n’était, bien entendu, pas ce qui l’avait convaincu. La véritable raison, c’était elle. Il voulait apprendre à mieux la connaitre. Il voulait voir les autres facettes de sa personnalité. Plus ils passaient de temps ensemble et plus il tombait sous son charme. Il n’aurait pas pu la laisser partir. Mais il ne pouvait pas la garder ici non plus. La solution s’était donc imposée. Il devait la suivre. La décision fut si soudaine, qu’il n’eut pas le temps de préparer un vrai bon repas de départ à sa famille avant de la quitter. Il leur avait annoncé le matin de son départ, en préparant le déjeuner. Il ne pouvait pas rester plus longtemps. La troupe partait et il n’était pas question qu’elle ne quitte sans lui. Sa famille était restée surprise de ce choix inattendu, mais ils étaient tous très fiers de lui. Sa sœur ainée ne l’avait d’ailleurs pas quitté des yeux avec un petit sourire mystérieux sur les lèvres. Avant qu’il ne quitte pour de bon le foyer familial, elle s’était approchée de lui et lui avait souhaité bonne chance avec un clin d’œil. « N’abandonne jamais, surtout. » avait-elle ajouté alors qu’il s’éloignait.    
 
Elle était debout près de la caravane. Ses cheveux étaient tressés dans son dos et elle portait la même robe mauve que le premier soir. Elle s’affairait à tout vérifier. Elle tenait entre ses mains une pile de feuilles et cochait les éléments qu’elle avait sous les yeux. Liodas s’était arrêté pour l’admirer. Il allait bouger lorsque le propriétaire lui donna une grande tape dans le dos avec un immense sourire. Le jeune homme faillit s’étaler par terre, mais reprit son équilibre de justesse. Il salua l’homme qui était maintenant son supérieur d’une poignée de main. Ce dernier lui donna quelques directives avant de se diriger vers le début du convoi. Pour sa part, Liodas reposa son regard sur Helvia qui le fixait. Il se sentit rougir et s’approcha d’elle. Il posa son sac près des boîtes et répondit au regard rempli de questions de la jeune funambule. « Je ne vous quitte plus. » Le visage d’Helvia devint si rouge qu’elle dut se détourner. Qu’est-ce qu’il lui disait tout d’un coup ? Il laissa échapper un rire et Helvia se tourna vers lui, les joues toujours en feu. Elle lui sourit timidement en voyant son regard vert posé sur elle. « Je suis contente. »    
 
Ainsi, la troupe quitta l’endroit avec un nouveau cuisinier prodige et une histoire adorable qui débutait.    
 
***   
 
Combien de temps cela faisait-il maintenant ? Il ne savait plus. Ça n’avait pas d’importance. Il ne pouvait pas être plus heureux. Chaque matin, il se réveillait et n’avait qu’une envie : voir son visage. Elle était toutes ses pensées. Il passait tout son temps libre auprès d’elle et de sa joie de vivre contagieuse. Et aujourd’hui, c’était le bon moment. Il le savait et il ne reculerait pas. Ils marchaient côte à côte, longeant la rivière. Leurs mains se frôlaient sans pour autant s’attraper. Ce n’était pas l’envie qui leur manquait, mais ils n’osaient pas. Ils se promenaient lentement, en silence. Un silence confortable. La nuit était tombée depuis quelques heures. Après avoir mangé, ils s’étaient éclipsés ensemble. Il lui avait demandé de lui consacrer le reste de sa soirée. Elle n’avait pas pu lui refuser. Elle ne savait pas où il l’entraînait, mais peu importait. Tant qu’ils étaient ensemble, elle se sentait bien. La lune éclairait le paysage de sa lumière blanche et enfermait leur monde dans un rêve. Un rêve qui n’appartenait qu’à eux. Il s’arrêta un moment pour admirer l’eau qui glissait dans son nid. Elle s’arrêta près de lui et le regarda avant de poser son regard sur la rivière à son tour. Lorsqu’elle porta ses yeux à nouveau sur lui, elle remarqua qu’elle était maintenant l’objet de sa contemplation. Dans ses yeux, elle pouvait y lire tout ce qu’il ne lui disait pas. C’était de même pour lui. Elle leva la main pour la poser sur sa joue, mais il arrêta gentiment son mouvement. Une inquiétude trouva alors sa place dans le cœur de la jeune femme. Il sembla le voir dans son visage, car tout de suite, il serra sa main et posa un doux baiser sur celle-ci. Puis, avec un sourire, il la guida jusqu’au sommet de la colline. Elle le suivit, le regard rempli de questionnements.    
 
Arrivé à destination, il lâcha doucement sa main et s’assit sur le sol, en l’invitant à faire de même. Elle s’installa donc près de lui et son regard se fixa sur le ciel étoilé qu’il pointait. C’était tout simplement merveilleux. Une étendue si vaste et si belle. Avec un sourire, elle ramena son regard sur la personne qui l’accompagnait. Il posa sa main sur la sienne et s’approcha. Si près qu’elle ne vit plus que son regard vert foncé plongé dans le sien. Elle se mordit la lèvre en attendant qu’il approche davantage. Mais il n’en fit rien. Un petit sourire éclaira son visage lorsqu’il vit l’impatience se glisser dans le regard de la femme. Il leva alors la main. Intriguée, elle posa son regard sur le petit objet qu’il tenait. La lumière de la lune rendait éclatante la pierre qui trônait sur la petite bague. Elle fixa le bijou sans réagir. Il leva son autre main pour caresser la joue de la femme. Helvia le regarda enfin avec un sourire amusé sur le visage. « Je commençais à croire que tu ne me le demanderais jamais. » Liodas sourit à son tour et s’approcha pour embrasser la femme qu’il aimait.    
 
***   
 
Helvia se tenait devant la porte. Elle serrait dans sa main celle de Liodas et elle sentait sa conviction faillir. Il était encore temps de changer d’avis, de retourner à la caravane pour reprendre la route. Un regard à Liodas la dissuada de le faire. Quelques semaines plus tôt, ils avaient visité sa famille à lui. Une famille un peu excentrique, mais très charmante. Elle avait tout de suite aimé leur façon de prendre la vie à la légère. Aujourd’hui, c’était à son tour de visiter sa famille. Sa famille constituée de seulement deux parents. Elle était beaucoup plus inquiète à l’idée de les revoir pour leur annoncer qu’elle ne l’avait été de rencontrer pour la première fois la famille de Liodas. Après tout, elle ne savait pas comment ils le prendraient. Ça ne se voyait pas vraiment, mais elle se demandait si sa mère ne le devinerait pas d’instinct comme l’avait fait celle de Liodas. Avec ses parents, tout lui semblait compliqué pour rien. La dernière fois qu’elle les avait vus, c’était pour son mariage. Ils avaient été heureux de l’apprendre, mais moins heureux de savoir qu’elle ne quittait pas le cirque pour autant. Prenant une grande inspiration, elle s’obligea à lever le bras et à cogner trois petits coups distincts. Ils attendirent. Lui, calmement. Elle, avec anxiété.    
 
Après ce qui lui parut une éternité, la porte s’ouvrit sur deux personnes qui n’avaient presque pas changé malgré les passages du temps. Ses parents la fixèrent avec surprise, ne s’attendant pas du tout à la venue de leur fille. Ils l’invitèrent à entrer et sa mère se dépêcha d’aller chercher de petites grignotines. Puis, inquiétés par cette apparition, ils bombardèrent les jeunes mariés de questions à savoir si tout allait toujours bien pour eux, leur rappelant qu’ils pouvaient toujours venir vivre avec eux s’ils voulaient et leur sortant d’autres propositions complètement hors sujet. Liodas les arrêta rapidement en leur disant que tout allait bien, mais qu’ils avaient quelque chose à leur annoncer. Helvia était crispé sur sa chaise en regardant la table du salon. Elle sentit le poids des trois regards peser sur elle. Elle ne savait pas comment aborder le sujet, mais sa mère le devina sans peine.    
 
Un enfant. Ils allaient avoir un enfant. Les parents crurent d’abord que leur fille n’en voulait pas vu sa réaction, mais ils apprirent rapidement que c’était plutôt leur réaction qu’il l’avait effrayée. Dès que la nouvelle fut tombée, la jeune femme se sentit tout de suite mieux. Cet enfant, elle le désirait de tout son cœur. Liodas aussi. Ils étaient heureux et une troisième personne allait bientôt rejoindre cette bulle de bonheur. Le stress qu’elle avait accumulé durant le trajet jusqu’à la maison de ses parents venait de s’envoler. Voilà, c’était fait. Elle l’avait dit. Ils n’avaient pas crié, ils n’avaient pas paru scandalisés. Son père avait posé la main sur son épaule avec un sourire. Elle lui avait souri en retour, timidement. Elle pouvait toujours sentir la distance qui s’était installée entre elle et ses parents depuis qu’elle était partie. Sa mère, pour sa part, la regardait sans dire un mot. Helvia savait qu’elle réfléchissait à cette nouvelle et elle n’était pas certaine de vouloir connaitre ce que cette femme avait derrière la tête. Mais la femme la plus âgée ne put s’empêcher d’exprimer son avis. Avis qui sonnait bien plus comme un ordre. Elle demandait à sa fille de lui laisser l’enfant. Elle comptait l’élever dans le calme et la sécurité de la ville, comme elle avait élevé Helvia. C’était une bien meilleure vie pour le futur bébé qu’une troupe de cirques. Bien entendu, Helvia était aussi invitée à rester. Ces remarques furent suivies d’une dispute froide entre les deux femmes. Il était hors de question qu’elle abandonne son enfant ici et il était hors de question qu’elle quitte le cirque. Pourquoi ne pourrait-elle pas faire les deux ?  Il n’y avait rien qui l’en empêchait. Son enfant allait grandir près d’elle et lorsqu’elle serait assez grande, elle pourrait partir et suivre son propre chemin. Elle allait lui faire découvrir la vie de cirque, mais elle ne l’obligerait jamais à suivre ses pas comme sa mère semblait l’insinuer. Cette femme devra un jour comprendre qu’elle n’avait pas son mot à dire sur sa vie. La fin de cette rencontre fut plutôt tendue. Helvia et Liodas furent plus qu’heureux de retrouver l’air libre et le carrosse qui leur servait de maison. Leur vie, c’était celle-là. Et ils n’en voulaient aucune autre.   
***   
   
Le matin se levait tout juste. Les premiers rayons du soleil éclairaient le plancher de bois d’une lumière tranquille et une brise légère trouva son chemin par la petite fenêtre légèrement ouverte de la caravane. Tout était calme, à l’extérieur comme à l’intérieur. Personne ne semblait pressé de se réveiller en cette belle matinée. Même les oiseaux ne chantaient pas encore. Dans la caravane, la lumière chaude redonnait de sa couleur à la peau de Liodas, d’Helvia et du nourrisson. Liodas le tenait dans ses bras avec précaution. Ses yeux étaient cernés par le manque de sommeil, mais il n’irait pas dormir tout de suite. Il voulait encore admirer le visage de son enfant. C’était une petite fille. Elle était si petite. Si minuscule. Elle semblait si fragile qu’il avait peur de la briser. Il regardait son visage endormi avec un sentiment nouveau au creux de l’estomac. Elle était si jolie. Helvia dormait paisiblement sur le lit. Un repos mérité après tant d’effort. Il était assis près du lit et son regard passa de la femme à l’enfant. Il ne pouvait pas être plus heureux en ce moment.       
 
Lorsque Helvia ouvrit les yeux, elle tendit les bras vers la petite fille que tenait son mari. La première chose à laquelle elle avait pensé en se réveillant était son enfant. Elle voulait la voir et la prendre dans ses bras. Liodas s’approcha en souriant et l’aida d’abord à s’asseoir dans le lit. Il déposa ensuite délicatement le nourrisson dans ses bras et il posa ses lèvres sur le front de sa femme pour y déposer un doux baiser. Helvia ne put retenir ses larmes de bonheurs lorsque son regard croisa les yeux de son bébé qui se réveillait. C’était son bébé. Sa petite fille. Leur enfant à elle et Liodas. Le fruit de leur amour et une raison d’aimer encore plus. Le poupon commença à pleurer et ses parents s’occupèrent de lui avec attention et amour. Une fois que la petite dormit profondément dans le berceau installé près du lit, Liodas put prendre place près d’Helvia. Il la prit dans ses bras et ils échangèrent un regard complice. Un nouveau chapitre s’ouvrait sur leur vie. Ils avaient hâte de créer de nouveaux souvenirs avec leur petite fille. Ils avaient décidé qu’elle grandirait avec eux dans le cirque, mais si elle manifestait le désir de changer de route, ils étaient prêts à l’encourager. Qu’importe ce qu’elle choisirait. Mais tout cela était encore loin. Même s’ils savaient que le temps passait trop vite. Pour l’instant, ils profiteraient du moindre moment en sa compagnie. Ils la verraient grandir peut-être trop vite alors il ne fallait pas perdre de temps. Helvia tourna la tête vers Liodas et un sourire taquin s’afficha sur son visage. Il peinait à garder les yeux ouverts. Helvia lui tapota le bras en lui proposant de dormir quelques heures. Elle resterait réveillée pour leur enfant. Pour la petite Wyska.    
 
***   
 
Wyska n’était pas une enfant très difficile. Toujours à l’écoute, elle apprenait vite ce qu’on lui enseignait. Elle comprenait ce qu’elle pouvait et ne pouvait pas faire. Elle ne respectait pas toujours les règles du haut de ses quelques années, mais c’était qu’elle n’avait pas conscience du danger. Dès qu’elle sut marcher, elle ne se priva pas pour aller explorer le monde avec ses petites jambes. Elle adorait voir les différents endroits qu’ils visitaient et ses parents avaient parfois de la difficulté à la faire tenir en place. Mais elle ne s’éloignait jamais trop. Elle s’assurait de toujours avoir ses parents dans son champ de vision pour ne pas les perdre. Elle avait rapidement compris que la caravane dans laquelle elle vivait ne restait jamais longtemps au même endroit. Pour ne pas être oubliée en arrière, elle s’assurait de toujours être dans les parages, même si ses parents ne comptaient pas l’abandonner. Il ne fallait pas prendre de risque avec ça. Alors, elle restait près de la troupe, mais ne s’empêchait pas de se promener et de répondre aux gens qui lui adressaient la parole. Elle adorait surtout dire à tout le monde que sa maman, c’était la dame qui marchait sur un fil et son papa, celui qui préparait les meilleurs repas dans le monde entier.   
La petite avait hérité de la joie de vivre de sa mère, mais de la nature solitaire de son père. Elle avait beau parler avec beaucoup de gens lors des arrêts en ville, elle préférait le temps des voyages où elle pouvait être avec elle-même. Ses parents s’étaient inquiétés au début de ne pas la voir se mêler beaucoup à la troupe, mais il avait vite compris que leur petite fille préférait le calme à l’agitation. Dans la troupe, il n’y avait pas beaucoup d’enfants. Deux ou trois, tout au plus. Elle jouait quelquefois avec eux, mais avait rapidement commencé à s’amuser seule. Sa mère la poussait tout de même à aller vers les autres enfants dès que possible, que ce soit ceux de la troupe et ceux des villages dans lesquels ils arrêtaient par moment. Jouer avec les autres enfants ne dérangeait pas Wyska, mais il y avait des moments où cela l’énervait. Elle préférait jouer avec ses jouets dans sa maison ou encore mieux explorer le cirque avec Roumi, le chien de la troupe. Étant encore jeune, elle ne connaissait pas les moindres recoins de chaque chariot du convoi. Elle prenait un malin plaisir à se promener entre les boîtes d’accessoires et escalader les caisses de costumes ou de décors sous les aboiements joyeux de l’animal.   
 
Mais au bout de quelques années, elle connut par cœur chacune des roulottes de la caravane. L’ennui commença alors à montrer le bout de son nez. N’ayant plus rien à explorer lors des voyages et haltes dans la nature, Wyska avait décidé de se trouver une autre activité. Elle avait commencé à suivre ses parents partout. Elle aimait aider son père pour les repas. Elle allait chercher les ingrédients manquants et en apprenait toujours plus sur la cuisine et les herbes comestibles. Ce qui pouvait s’avérer pratique. Elle avait même essayé de faire ses propres recettes, sans grand succès malheureusement. Elle n’avait pas le talent de son père pour mélanger ce qui lui semblait être n’importe quoi ensemble. Mais elle aimait le regarder faire et l’écouter lui parler d’ingrédients et petits trucs qu’elle ne comprenait pas encore. Elle s’était aussi proclamée goûteuse de la troupe et avait droit à la première bouchée de chaque repas, avant que ce ne soit servi, bien entendu. Son père aimait les temps passés avec sa fille. Surtout que ces moments rassemblaient deux choses qu’il adorait.   
 
Le reste de son temps, Wyska le passait auprès de sa mère. Elle la suivait partout dans le convoi en imitant la démarche gracieuse de sa maman, en un peu moins gracieux. Mais juste un peu. Elle restait adorable et ça pardonnait donc tout. Ou presque. Elle n’avait jamais osé suivre sa mère lors de ses entraînements sur la corde par contre. Une fois, elle avait commencé à monter à sa suite, mais avait rapidement changé d’avis. C’était drôlement haut. Pas question qu’elle monte cette échelle. Elle restait donc en bas à regarder sa mère s’entraîner, les yeux remplis d’étoiles. Sa maman était vraiment incroyable. Elle voulait devenir aussi incroyable que ça, elle aussi ! Pour y parvenir, elle commença par faire comme sa mère lors des échauffements. Elle imitait les mouvements de son idole sans trop comprendre ce qu’elles faisaient. Avec un sourire taquin, sa mère lui avait rapidement proposé de lui enseigner les rudiments du cirque plutôt que de la laisser faire des gestes sans savoir pourquoi. Ce fut une merveilleuse nouvelle. Wyska commença donc à s’entraîner très souvent avec sa mère dans le chapiteau ou simplement devant leur caravane maison. La petite apprit les bases de l’équilibre et de l’agilité. Elle améliora ses capacités en flexibilité et explora la jonglerie. Rien ne l’attirait particulièrement. Sa mère l’initia aux voltiges et aux appareils d’équilibre, mais la petite voulut tenter autre chose. La funambule lui apprit les principes de l’acrobatie pour commencer. Wyska s’y découvrit une passion. Sa mère continua donc en lui enseignant des sauts acrobatiques. La jeune fille approfondissait ses connaissances à chaque jour qui passait. Elle s’entraînait auprès de sa mère chaque fois et décida de compléter son entraînement avec les bases de la contorsion. Avoir le contrôle de son corps à ce point était fantastique.   
 
À partir d’un certain âge, Wyska commença à s’entraîner seul. Sa mère avait eu moins de temps à lui accorder avec la naissance de ses petits frères et la fillette avait préféré s’occuper d’elle-même comme une grande. Elle n’avait plus besoin que sa mère soit derrière elle à chaque pas. Ses petits frères avaient plus besoin des parents pour l’instant. Elle ne se sentait pas pour autant délaissée. Elle se proposait souvent pour garder l’un des petits lorsque nécessaire et ses parents lui accordaient toujours du temps lorsqu’elle leur demandait quelque chose. Mais elle n’était plus la seule personne de laquelle ils devaient s’occuper. Ça avait été un peu étrange au départ tout de même. Elle était habituée d’être enfant unique et, du haut de ses six années, elle n’avait jamais pensé qu’elle pourrait avoir un petit frère. Elle s’était rendu compte une journée que sa mère ne participait plus au spectacle. Durant un entraînement, la fillette ne s’était pas gênée à poser la question pour savoir ce qui se passait. Sa mère l’avait trouvée amusante en lui expliquant qu’elle allait avoir un petit frère ou une petite sœur. Wyska avait eu hâte de voir l’enfant qui rejoindrait la famille. Elle aida aussi ses parents à s’occuper de lui. Il ressemblait beaucoup à sa maman trouvait-elle, mais il avait les mêmes yeux verts que son papa. Elle eut la même réaction, lorsque deux ans plus tard, elle apprit que sa mère était de nouveau enceinte. Elle s’occupa beaucoup plus de son petit frère Xaden lorsque le nouveau-né vint au monde. En grandissant, Wyska s’était montrée très protectrice envers ses jeunes frères. Et un peu tyrannique aussi. Elle s’occupait d’eux et les laissa l’accompagner, mais en échange, il lui obéissait lorsqu’elle demandait quelque chose. Avoir des petits frères, c’était génial ! Mais elle ne trainait pas toujours avec eux non plus. Lorsqu’elle voulait être seule, elle allait porter ses frères à ses parents, peu importait qu’ils soient sur un fil à des mètres dans les airs ou derrière un chaudron qui bouillait sur le feu. Après tout, elle avait des choses à faire elle aussi.   
 
Lors de ses entraînements seule, Wyska se trouvait un coin tranquille, loin du convoi. C’était souvent près d’un cours d’eau, mais lorsque ce n’était pas possible, elle se trouvait un espace plat entouré d’arbres. S’il n’y avait rien de tel, elle se résignait à rester près de la caravane. Une fois son coin trouvé, elle prenait un moment pour relaxer et se centraliser. Ses entraînements étaient ses moments à elle seule. Elle avait le contrôle sur ce qu’elle faisait et pouvait être avec elle-même. Elle adorait prendre ces moments pour elle. Elle était heureuse d’être née dans le cirque et d’avoir trouvé sa place parmi la troupe. Elle ne s’imaginait pas du tout vivre dans un village, s’était-elle rendu compte. Elle aimait voir le monde, n’avoir pour habitat que l’endroit où elle choisirait de poser sa maison. Il y avait tellement de choses à explorer dans ce monde qu’elle ne pouvait s’imaginer rester enfermer dans une maison sans roues. Bon, elle n’explorait pas autant qu’elle le souhaiterait, car elle avait les contraintes du cirque, mais c’était mieux que rien. Surtout qu’elle n’avait pas encore le cœur à quitter sa famille. Elle était encore trop jeune pour penser à aller vivre une vie par elle-même. Elle ne faisait que rêver d’aventures tout en voyageant avec la grande famille qu’était la troupe.   
 
Même si elle passait la plupart de son temps dans son coin, Wyska aimait beaucoup sa famille de cœur. Elle ne s’imaginait pas vivre sans eux. Elle faisait partie de la troupe à part entière et ne comptait pas la quitter de sitôt. Elle rêvait parfois d’aventures certes, mais pas de celles qui étaient épiques et dangereuses. Pas de celle qui vous chamboulait complètement et qui vous laissait changer. Non, elle rêvait d’une aventure tranquille lui permettant d’explorer les moindres contrées que préservait ce monde fabuleux. Il y avait tant de choses épatantes. Wyska voulait toutes les voir. Avec la troupe, elle voyageait à plein d’endroits. Elle viendrait surement à bout de ce rêve un jour. Elle pourrait faire le tour du monde en restant ici. Avec sa famille et le cirque. Elle le croyait fermement dans sa petite tête.   
 
***   
 
Lorsque l’enfant fut assez grande, Helvia lui proposa de joindre les représentations. Elle pourrait avoir son propre petit numéro d’acrobaties entre celui des clowns et celui de sa mère. C’était avec un grand sourire que Wyska s’était rendu à sa première vraie répétition. Accompagnée de sa mère, elle fit le tour du chapiteau et la femme lui expliqua en détail comment se déroulait un spectacle. Elle n’avait jamais mentionné tous les petits détails insignifiants à la fillette, mais il valait mieux le faire maintenant pour éviter des erreurs idiotes qui pouvaient être empêchées. Les autres membres de la troupe leur parlèrent ensuite de leur propre numéro avec entrain et Wyska les écoutait tous avec intérêt. Dès que tout le monde fut retourné à ses occupations, le propriétaire du cirque, que Wyska avait toujours considéré comme son propre oncle, s’approcha d’elle pour lui donner l’ordre du spectacle. C’était beaucoup d’informations d’un coup et la jeune fille avait l’impression de s’y perdre. Elle ne le laissa pas paraître par contre et fit de son mieux pour bien suivre ce qui se passait. Dans son coin de la tente, elle se laissa finalement aller à son entraînement. Réchauffement, étirement et répétition. Elle répétait le petit numéro que sa mère et elle avaient créé pour l’occasion.    
 
La première arrivait à grands pas. La jeune fille sentait son ventre serré, tourné et noué. L’anxiété la gagnait chaque fois qu’elle y pensait. Allait-elle réussir ? Elle pourrait tomber... Est-ce que la foule apprécierait son numéro ?  Elle pourrait être humiliée. Elle ne voulait pas que les gens la huent. Dès qu’elle voyait son enfant s’affoler, Helvia s’approchait, posait sa main sur ses épaules et lui demandait de prendre une grande inspiration. Tout allait bien se passer. Avec un sourire, elle caressait la tête de la fillette qui se calmait comme par enchantement. Wyska avait hâte de présenter son numéro, mais en même temps, elle avait peur de ne pas être à la hauteur des autres artistes composant la troupe. Sa mère lui avait assuré qu’elle n’avait pas à s’en faire et certains membres avaient même complimenté son numéro, mais elle ne pouvait pas se défaire de ses inquiétudes. La troupe s’était arrêtée non loin d’un petit village, dans les alentours d’Al-Vor. Les artistes allaient tenir leur première représentation le lendemain. Depuis qu’ils s’étaient arrêtés, ils s’afférait à monter le chapiteau, placer les décors et accessoires ainsi qu’à faire de la publicité dans les villages environnants. Wyska tournait en rond devant la caravane maison. L’oncle de sa mère lui avait permis d’aller se reposer. Elle avait aidé à apporter les accessoires à la tente, mais comme tout était déjà pris en charge par d’autres, ils n’avaient pas besoin de son aide. La jeune fille en avait donc profité pour aller s’entraîner. Les choses allaient de bon train et l’anxiété qui s’était nichée au creux de l’estomac de la petite commençait à se transformer en excitation. Elle avait tellement répété ce numéro qu’elle sentait une confiance nouvelle monter en elle. Et puis, elle pourrait toujours improviser un petit peu si quelque chose se passait mal.   
   
Le soir du lendemain arriva finalement. Wyska était assise sur un tabouret, les yeux fermés, en train de faire le vide dans son esprit. Elle voulait être le plus calme possible avant de commencer son numéro comme lui avait conseillé sa maman. Elle jetait parfois un coup d’œil aux clowns pour être certaine de ne pas manquer son entrée. Tant qu’ils n’étaient pas en scène, elle n’avait pas à s’en faire. Pour le grand soir, ses parents lui avaient offert un magnifique costume souple arborant différentes teintes de bleus dans ses motifs ondulés. Quelques brillants qui attiraient la lumière scintillaient par-ci par-là pour donner au costume une allure spectaculaire. Il était parfait. Elle l’avait enfilé un peu plus tôt dans la journée et s’était tout de suite sentie à l’aise à l’intérieur. Elle pouvait bouger comme elle l’entendait et le vêtement suivait le moindre de ses mouvements. Elle adorait se mouvoir dans son costume de cirque, même si elle avait conscience que ce n’était que pour les spectacles. Elle devrait s’en procurer un noir pour les répétitions. Ce serait vraiment merveilleux. Enfin, passons. Sa mère avait soigneusement attaché ses cheveux en un chignon serré, mais prit la peine de laisser tomber quelques mèches autour de son visage encore bien enfantin. Les yeux grandement maquillés pour souligner son regard, de la couleur aux pommettes pour ne pas avoir l’air d’un cadavre, des brillants dans les cheveux et voilà ! Elle était prête à se présenter devant la foule. Elle jeta un nouveau coup d’œil aux clowns qui entraient en scène. Après une grande expiration, elle se leva et se dirigea vers les coulisses. Elle se posa à l’entrée de la scène, prête à y grimper dès qu’elle entendrait son nom. Tout lui sembla ensuite se dérouler trop vite. Elle entendit le bonimenteur la présenter. Elle courut pour s’installer sur la scène, se laissant aveugler par les lumières. En position. Elle attendit. Dès la première note de musique, elle se laissa aller à ses acrobaties si souvent répétées.    
 
***
Les années passèrent, se ressemblant sans jamais être les mêmes, s’égrainant une à une dans le sablier sans jamais s’arrêter.

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Histoire
On m'a dit un jour : « La réponse à tes questions n'est pas toujours où tu crois la chercher. »  Je pense que je cherche toujours au mauvais endroit... Wyska Benorith
***
Il était différent. Différent des autres et plus jeune. Wyska était habituée de voir des soldats se greffer à leur caravane pour un temps avant qu'ils ne reprennent leur chemin. Souvent, c'était le chef de troupe qui les engageait comme protection pour les endroits moins fréquentables lorsque le budget le permettait. Depuis toute petite, elle avait vu des soldats passés. Elle n'appréciait pas toujours ces intrusions dans la troupe, mais avait vite appris à se taire. De toute façon, il ne restait qu'un temps. Quelques semaines au moins, quelques mois au plus. Elle ne faisait que les ignorer et tout se passait bien. Mais celui-là, il avait réussi à attirer son attention. Elle le trouvait étrange. Toujours à courtiser les femmes célibataires qu'il croisait, mais sans attente d'engagement. De simples compliments sans profondeur. Il n'adressait que deux ou trois mots aux hommes et passait le reste de son temps à faire de beaux sourires aux femmes l'entourant. Wyska avait d'abord cru que ce n'était qu'un dragueur égocentrique. Cependant, il avait réussi à la faire se questionner davantage sur lui. Le soir, lorsque la troupe se regroupait, il n'était presque jamais là. Ou lorsqu'il y était, il mangeait dans son coin,  écoutant les conversations sans pour autant s'y mêler. La jeune fille ne l'avait pas remarqué avant, mais il ne se mêlait que très peu à la troupe. Il avait beau être charmeur, il gardait une certaine distance entre lui et les autres. Et il y avait quelque chose dans son regard. Elle ne saurait dire quoi, mais ce quelque chose avait attisé sa curiosité. Malgré tout, elle n'osait pas l'approcher. Il n'avait pas l'air méchant, mais Wyska ne savait tout simplement pas comment l'aborder. Elle se contentait donc de l'observer en silence par moment.

Ça, c'était jusqu'à ce jour-là. Ce jour où elle n'avait eu d'autre choix que de lui adresser la parole. Elle avait bien cherché à partir en douce, mais elle avait déjà été remarquée, semblait-il... Oh, et puis tant pis. Elle n'allait pas l'éviter pour toujours. Ou peut-être que oui. Elle fixa son regard vert sur lui. Il était plus grand qu'elle, bien évidemment. Il la dépassait d'au moins une tête, mais ce n'était pas ce qui l'intimidait. Il avait beau tenir une énorme hache, il n'avait aucune raison de lui taper dessus. En tout cas, pas encore. Debout devant lui, elle ne bougeait pas. Elle s'était immobilisée dans son mouvement de recul lorsque le regard foncé du garçon s'était posé sur elle. Elle n'osait pas bouger. Elle ne savait pas quoi faire. Elle le regardait sans savoir comment réagir. Lui parler ? S'enfuir ? Faire comme s'il n'y avait rien ? Elle n'était pas toujours très à l'aise avec les gens qu'elle connaissait peu. Et encore plus embarrassée lorsqu'elle se retrouvait seule avec eux. Elle ferait peut-être mieux de repartir d’où elle venait. Se fixer en silence comme ça devenait carrément gênant. Elle n'était pas certaine de vouloir passer son après-midi comme ça. Et elle ne savait pas quoi dire pour briser la glace. En plus, son regard était complètement indéchiffrable. Ça rendait la jeune fille d'autant plus inconfortable. Puis, un petit rire brisa le silence, sortant Wyska de ses envies de fuite. La fille prit conscience qu'il riait. Pas méchamment. C'était un petit rire doux et avouons-le charmant. Il devait trouver la situation plutôt comique. Wyska sentit la honte lui enflammer les joues. Il était vrai que d'un autre point de vue, cela pouvait paraître vraiment ridicule. Ils s'étaient fixés pendant une bonne dizaine de minutes et elle avait gardé sa position de personne prête à s'enfuir. Elle ne savait pas pourquoi il l'intimidait autant.

-Tu sais que le silence me convient aussi.  

Il lui avait dit cela avec un sourire. Wyska leva sur lui un regard surpris. Il continuait de la fixer, mais avec un sourire sur le visage. Elle se sentit déjà plus à l'aise et se détendit instantanément, sans même le réaliser elle-même. Le silence lui allait aussi ? Autrement dit, elle n'avait pas besoin de se forcer à parler. Elle pouvait juste continuer, sans se soucier de devoir lui adresser la parole. C'était génial. Il n'était pas si mal, finalement. Un petit sourire, encore timide, éclaira le visage de Wyska. Elle hocha la tête après un moment d'hésitation et s'approcha lentement.
 
-Je vais m'entraîner. Ça ne te pose pas de problème ?  

Pour seule réponse, il lui fit signe de prendre la place qu'elle voulait. Elle hocha de nouveau la tête avec joie et un sourire plus assuré se dessina sur ses lèvres. Elle s'approcha du petit ruisseau qui coulait lentement et trouva une parcelle de terre suffisamment droite entre le ruisseau et la grosse roche sur laquelle le garçon était assis. Sans lui prêter plus d'attention, elle se mit au travail. Échauffement. Étirement. Entraînement. La tête à l'envers, elle lui jetait parfois un coup d'œil. Il ne la regardait pas. Enfin, pas toujours. Son regard se promenait partout autour sans lui accorder plus d'attention que cela. Elle se demanda si c'était parce que ses acrobaties étaient ennuyeuses ou parce qu'il ne voulait pas l'effrayer davantage. Enfin, ne pas être le centre de l'attention n'avait jamais dérangé la jeune acrobate. Elle s'obligea ensuite à se concentrer pleinement sur son entraînement.  

Lorsqu'elle sentit la fatigue approchée, elle préféra s'arrêter pour la journée. Se penchant sur le ruisseau, elle s'aspergea le visage d'eau pour se rafraîchir. Le soleil lui brûlait les épaules en cette fin d'après-midi. Elle se releva avec un soupir de fatigue et se tourna pour réaliser que le jeune homme était toujours assis au même endroit. Étonnée, Wyska le fixa un moment. En fait, elle le fixa jusqu'à ce qu'il lève le regard sur elle. À peine leur regard s'était-il croisé qu'elle avait détourné les yeux. Oups. Elle devait aussi arrêter avec cette manie de fixer les gens, en attendant de voir une réponse à ses interrogations apparaître. Du coin de l'œil, elle le vit sourire. Avec un petit ¬« Hm! » et la tête haute, elle alla s'asseoir sur une roche près de lui. Mais elle ne parla pas. Il ne parla pas non plus. Au début, Wyska s'inquiéta du silence embarrassant qui pourrait s'installer, mais elle avait rapidement trouvé la situation confortable. Juste assis. Là. Comme ça. Avec un sourire, Wyska leva les yeux vers le ciel. Puis, un son de cloche se fit entendre. Eh bien, il n'était pas trop tôt. La jeune fille se releva et fit quelques pas avant de se retourner vers son compagnon inattendu.    

-Tu viens ? On va manger.  

Il leva sur elle un regard amusé. Avec un petit sourire auquel elle répondit, il lui dit :
 
-Ouais, allons-y.  

***

Le déjeuner était terminé depuis peu et, en cette matinée calme, Wyska traînait avec elle son jeune frère Xaden. Les deux enfants se promenaient entre les chariots esquivant les adultes qui passaient par-ci ou par là. La troupe du cirque s'était arrêtée la veille au soir pour la nuit et maintenant que le jour était levé, ils ne tarderaient pas à repartir. Les adultes préparaient le départ, remballaient les sacs et chargeaient les chariots tranquillement pendant que les enfants de la troupe se promenaient autour en jouant. Wyska n'aidait pas aux préparatifs et le petit avait insisté pour passer la matinée avec sa grande sœur. Celle-ci n'ayant rien de mieux à faire avait accepté de s'occuper de lui. Elle se promenait donc entre les chariots en tenant la main de Xaden. Son regard se promenait un peu partout et elle ne faisait qu'avancer en silence. Son petit frère la suivait tranquillement en gardant son regard rivé sur elle. Aucun des deux ne parlait. Xaden commençait à s'habituer au silence de Wyska. Sa grande sœur ne parlait que lorsqu'elle avait quelque chose à dire. Sinon, elle se contentait de rester silencieuse. Xaden savait que s'il commençait à dire n'importe quoi, elle ne trouverait pas l'intérêt de répondre et puis il n'était pas un enfant très bavard non plus, de toute façon. Il se contentait donc de la suivre. Et faute d'avoir quelque chose à dire, il la scrutait avec attention. Il voyait les yeux de son ainée se promener partout, ne laissant pas un détail leur échapper, à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un. Le petit garçon arrêta de marcher et tira sur le bras de sa sœur pour attirer son attention. Wyska s'immobilisa et posa un regard intrigué sur son frère. Les yeux verts du garçon semblaient la fixer avec indifférent, mais Wyska savait qu'il réfléchissait à quelque chose en ce moment même. Elle attendit. Puis, il ouvrit la bouche pour poser sa question :

-Qui tu cherches?

Wyska ne répondit pas. Cette question, qui était pourtant très simple, avait surpris la jeune acrobate. Celle-ci continuait de fixer son frère en se demandant de quoi il parlait. Qu'est-ce qui lui avait fait croire qu'elle cherchait quelqu'un ? Elle ne comprenait pas. Elle ne faisait que se promener dans les alentours. Ils n'avaient pas le temps de faire grand-chose avant le départ, alors elle n'allait pas se lancer dans une activité maintenant. Elle ne faisait que passer le temps avec son frère. C'était tout. Une fois la surprise passée, elle répondit à son frère un rapide: « Je ne cherche personne. » Mais Xaden savait que c'était faux. Il avait beau être six ans plus jeune, il n'était pas dupe. Il continua de fixer sa sœur sans bouger, tenant fermement sa main. Il attendait qu'elle avoue. Il était certain de ne pas s'être trompé. Elle avait la même tête que maman lorsque celle-ci cherchait ses enfants pour savoir où ils étaient. C'était évident qu'elle cherchait quelqu'un !  Et après réflexion, Xaden se dit qu'il aurait pu deviner qui elle cherchait très facilement.  Wyska s'énerva finalement à rester immobile et elle obligea son frère à la suivre ou bien à lui lâcher la main. Le petit garçon se résigna donc à la suivre sans avoir eu de réponse à sa question. Mais il décida qu'il allait l'aider à trouver celui qu'elle cherchait.  

Wyska marchait en silence en avant. Elle regardait devant elle l'esprit complètement ailleurs. Elle ne comprenait pas pourquoi son frère avait pensé qu'elle cherchait 'Kinn. Elle ne le cherchait pas. Elle n'avait rien à lui dire. Alors, elle ne voyait pas pourquoi elle le chercherait. D'accord, elle ne l'avait pas vu de la matinée, mais ça ne changeait rien. Son frère ne pouvait pas savoir ce qu'elle pensait au fond. D'un coup, Wyska s'arrêta. Un moment. Xaden n'avait mentionné personne. Pourquoi avait-elle donc pensé à lui tout de suite ? Elle aurait pu chercher n'importe qui pour n'importe quelle raison, mais elle avait pensé tout de suite que son frère insinuait quelque chose. Mais elle l'avait insinué toute seule. Dès que son frère lui avait posé la question, elle avait pensé à lui. Est-ce que ça voulait dire qu'elle le cherchait vraiment, au fond ? Trop absorbée par ses pensées, elle ne sentit pas la main de son frère tiré sur son chandail et lui pointer quelque chose.  

-C'est lui que tu cherches, c'est ça ?  

Wyska leva le regard sur son frère, sortant de sa soudaine réflexion. Qui ? Elle se tourna pour regarder dans la direction qui lui était indiquée. Oh. Il était là. Son frère n'avait peut-être rien insinué, mais il savait très bien. Ffffff. Plus loin, 'Kinn était en train d'aider aux préparatifs. Il était encore jeune du haut de ses 17 années, mais la troupe avait confiance en ses capacités. Il se rendait souvent utile en aidant les artistes pour les départs ou pour monter le chapiteau. À ce moment, il parlait avec son oncle, une caisse dans les mains. Wyska tourna la tête et reprit son chemin dans la direction contraire. Elle trouva une roche plate près du convoi et tira son frère avec elle. Elle s'assit et regarda le ciel pendant que son frère s'installait à ses côtés. Son frère continuait de la fixer. Wyska savait qu'il ne tarderait pas à lui poser la question, alors elle lui répondit tout de suite :

-Quoi ? Ce n’est pas parce que je suis souvent avec lui qu'on doit toujours traîner ensemble.  

C'était vrai, après tout. Elle l'aimait bien, et alors ? C'était tout. C'était agréable de passer du temps avec lui parce qu'elle n'avait pas à parler. Elle ne devait pas se forcer. Il était juste là. Elle pouvait s'entraîner, s'amuser ou simplement observer le paysage et ça ne lui posait aucun problème. Et si elle voulait partager ses pensées avec quelqu'un, eh bien, il était là. Wyska se dit qu'il pouvait être considéré comme son meilleur ami. Ou son seul ami tout court. Tout était simple avec lui, alors elle aimait passer du temps en sa compagnie. Il avait beau être plus vieux qu'elle, elle se sentait plus proche de lui que de n'importe qui d'autre. Mais ça ne voulait pas pour autant dire qu'elle voulait toujours être avec lui. Il y avait une différence majeure. Peut-être qu'elle l'avait cherché, mais c'était surtout pour savoir où il était et ce qu'il faisait. Juste comme ça. Parce que ça l'intriguait. C'était normal de se demander où était son ami, non ? Enfin, pour l'instant, il n'était pas question qu'elle aide aux préparatifs. Elle allait donc tout simplement rester là, assise sur cette roche avec son frère à observer les nuages. C'était toujours amusant de déceler des formes dans le ciel. C'était même une de ses activités favorites à faire avec Xaden. Donc, en attendant le départ, elle défia son frère de trouver un nuage en forme de dragon crachant du feu.  

***

Couchée à plat ventre sur une roche, la tête accotée sur les bras, Wyska le fixait avec un petit sourire moqueur. Il n'y arriverait pas. Pas comme ça en tout cas. C'était peine perdue. Mais bon, comme il ne voulait pas de son aide, elle allait attendre. Et pour l'instant, il fallait avouer qu'elle rigolait bien. Ça prenait plus qu'une journée pour arriver à toucher le sol de sa paume. Elle savait de quoi elle parlait, mais elle pouvait bien le laisser le réaliser tout seul. Par contre, elle ne put pas se retenir très longtemps avant de lui faire un petit commentaire.  

-Je crois que tu devrais t'en tenir à la force brute !

Un rire s'échappa de ses lèvres alors qu'elle regardait la suite de ses tentatives vaines d'étirement. Elle peinait à croire qu'il arriverait un jour à toucher ses orteils. Il avait enlevé la grosse armure qu'il portait en permanence et elle avait été étonnée de voir à quel point il semblait petit sans cette armure. Elle avait toujours imaginé qu'il était immense, mais en fait pas plus que ça. Il était bien plus large qu'elle, évidemment, mais pas aussi géant qu'elle l'aurait cru. Il était mieux comme ça. M'enfin, son avis importait peu. En matinée, il avait retrouvé Wyska pour lui dire qu'il allait entraîner sa flexibilité. Il soutenait que ça pourrait lui être utile en combat, mais à le voir aller, Wyska se dit qu'il ferait mieux d'oublier ça. Ce n'était tout simplement pas son truc. Elle laissa un nouveau rire se faire entendre lorsqu'il lui jeta un regard accompagné d'une moue boudeuse. Elle se leva finalement en lui disant qu'elle allait lui montrer de quoi ça devait avoir l'air. Elle se plaça à côté de lui et posa ses mains au sol sans fléchir les jambes. C'était pourtant si simple. Avec une petite grimace moqueuse, elle le regarda essayer de faire la même chose.  

-Tu ne réussiras pas comme ça. Tu risques simplement de te blesser. Tu es vraiment sûr que tu ne veux pas d'aide ?  

Elle se releva et croisa les bras en le regardant avec un sourire un peu trop grand. Il se releva finalement et l'observa avec suspicion. Puis, avec un soupir et un haussement d'épaules intentionnellement exagéré, il abdiqua. Wyska éclata de rire. Elle lui proposa de s'asseoir, lui montra quelques exercices d'étirement qu'il ne referait probablement jamais et lui expliqua qu'il devait les faire chaque jour pour espérer peut-être réussir à poser le bout des doigts sur ses orteils. Elle ne pensait pas qu'il pourrait intégrer la flexibilité à son art du combat, surtout à cause de sa grosse armure et de ses armes lourdes, mais il pouvait toujours espérer. En ce moment, elle trouvait bien amusant d'essayer de lui montrer comment s'étirer. Elle riait beaucoup, peut-être trop, mais il n'avait pas l'air de mal le prendre. C'était une des choses qu'elle aimait aussi de celui-là. Il ne s'offusquait pas pour un rien. Elle posa sa tête sur ses jambes et le regarda essayer de se rendre à ses chevilles avec un sourire. C'était tellement banal pour elle qu'elle oubliait parfois que les autres n'étaient pas aussi habiles. Mais elle aimait le regarder essayer. Ça lui donnait le fou rire à tous les coups. Ce serait bien que des journées comme ça se reproduisent. Elle se sentait tout simplement bien et heureuse. Oui. La prochaine fois, ce sera la jonglerie. Rien que d'y penser, elle s'esclaffait déjà sous le regard méfiant de son ami.  

***

Il la plaqua au sol. À nouveau. Wyska sentit l'air quitter ses poumons et ne put pas reprendre une grande inspiration. Les quelques secondes qu'elle était restée au sol lui parurent comme de longues minutes. Il l'aida finalement à se relever et elle toussa un moment. Puis, elle lui jeta un regard, un air renfrogné sur le visage. Il pourrait y aller doucement pour commencer quand même. Elle ne s'était jamais battue avec personne, elle. Elle frotta son derrière endolori tout en le regardant. Il essayait de lui montrer quelques techniques de défense, mais pour l'instant, elle se faisait ramasser à tous les coups. Elle ne comprenait pas comment elle pourrait arrêter quelqu'un de sa carrure avec son corps frêle d'acrobate. Elle ne pouvait pas tout simplement foncer, tête baissée. C'était elle qui tombait à la renverse. Elle avait essayé. Comment devait-elle faire ? Elle croisa les bras en l'écoutant lui expliquer comment se placer. C'était bien beau tout ça, mais elle commençait à croire qu'elle ne réussirait jamais. Cela faisait un moment qu'ils s'entraînaient et pas une fois elle n'avait réussi à éviter le sol. C'était vraiment frustrant.

Une semaine plus tôt, le convoi s'était fait attaquer par des bandits en embuscade. Ceux-ci devaient attendre n'importe qui qui ne passerait pas là pour leur voler des biens. Heureusement, la troupe s'était défendue vaillamment et le Thül s'était débarrassé de ces petits voleurs assez vite. Par contre, Wyska avait eu peur lorsque l'un des attaquants avait essayé de lui faire la peau. Il n'avait pas réussi, bien entendu, mais si personne n'avait été là pour la sauver, elle serait probablement morte à l'heure qu'il était. Et elle ne voulait pas mourir. Elle n'avait pas pu bouger lorsqu'elle avait vu l'homme sale la pointer avec son couteau et elle s'était détestée de ne pas avoir pu agir. Elle avait donc décidé d'apprendre à se défendre. Mais toute seule, elle ne savait pas comment s'y prendre. Elle avait pensé que demander de l'aide à son ami serait une bonne idée, mais elle commençait lentement à le regretter. À part lui montrer à quel point elle était faible, elle ne voyait pas ce que cet entraînement lui apportait. Voyant que Wyska commençait à s'impatienter de ce manque de résultat flagrant, il décida de changer de tactique. Ce qui n'était pas trop tôt. Elle n'avait pas la carrure d'une Thül et la force brute n'était pas ce qui lui convenait le mieux. Il fallait donc utiliser ses capacités pour lui permettre de se protéger par elle-même. Elle voulait seulement apprendre à se défendre après tout. Elle ne comptait pas devenir une soldate à la solde de l'empereur, alors elle n'avait pas besoin de savoir mettre un gros Thül au tapis. L'important était qu'elle sache éviter les coups de ses ennemis et frapper au bon endroit pour faire mal rapidement.  

Ils reprirent du début. D'abord la défense, éviter les coups et ne pas se faire toucher. Ne pas essayer de bloquer, simplement éviter. Ensuite, se glisser près de l'ennemi sans se faire prendre et frapper. Ne pas traîner et s'éloigner rapidement. D'accord. Elle pouvait faire ça. Sûrement. Elle espérait... Les jours qui suivirent, Wyska s'entraîna pour rendre ses mouvements fluides et avoir de la facilité à se pousser rapidement. Une fois qu'elle fut capable d'éviter les coups portés lentement, le garçon accéléra un peu la cadence. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'elle soit capable d'éviter ses coups dans un combat normal. Elle n'arrivait pas encore à le frapper, mais au moins, elle ne se ferait pas abattre d'un coup. Les semaines passaient et durant les voyages, elle passait son temps à s'entraîner, à la défense ou au cirque. Il lui semblait qu'elle n'avait plus une seconde pour relaxer, mais lorsqu'elle réussit à le frapper au visage, elle comprit qu'elle n'avait pas perdu tout ce temps. Les petits voleurs ridicules, elle pouvait maintenant s'en occuper !  

***

Il y avait une ambiance étrange à bord de la caravane. C'était louche. Wyska avait mangé tranquillement accompagné de ses parents, mais ils avaient été plutôt silencieux. Comme s'ils n'osaient pas parler de peur de dire quelque chose qu'ils n'auraient pas dû. Wyska les avait fixés longtemps avec suspicion. Elle avait essayé de les faire parler subtilement, mais sans résultat. Elle s'était finalement résignée à laisser tomber. Pour l'instant. Dès qu'ils repartiraient, elle ne les lâcherait plus. Mais comme elle pouvait se dégourdir un peu les jambes durant cette courte pause, elle préféra en profiter. Elle fit le tour de la caravane sans se presser, puis s'éloigna de plus en plus vers la forêt sombre près de laquelle s'était arrêté le convoi d'artistes. Wyska n'allait pas s'y aventurer. Sa mère lui avait formellement interdit, car c'était trop dangereux. Et la jeune acrobate n'était pas particulièrement attirée par le danger. Elle s'approchait donc pour admirer la beauté sauvage de cette forêt touffue et faisait demi-tour sans s'être arrêtée. Elle revenait vers la caravane lorsqu'elle vit son ami assis sur une souche, la tête entre les mains. Lui aussi, il était bizarre ces derniers temps. Plus pensif qu'à l'habitude et moins empreint à la rigolade. Wyska n'aimait pas le voir ainsi et elle décida de lui changer les idées. Elle s'approcha avec un sourire aux lèvres et s'exclama :

-Hey, Tombeur! Tu n'as pas le moral aujourd'hui ? Je n'ai vu aucune femme te tourner autour encore! Ou bien, dis-moi... C'est que tu commences à perdre la manche ?

Un sourire malin s'affichait sur ses lèvres alors qu'elle attendait une réponse qui ne vint pas. Elle perdit finalement son sourire et continua de fixer le garçon en silence. Normalement, il lui aurait tout de suite répliqué une pique, mais il ne bougea pas. Il ne la regarda même pas. Elle ne voulait pas s'inquiéter, mais il ne lui rendait pas la tâche facile. Elle se pencha légèrement vers lui pour essayer de voir son visage. Un rire sans enthousiasme sortit alors des lèvres du garçon. Il secoua la tête et Wyska put voir le sourire triste qu'il affichait.  

-Je... euh...  En fait...  

Il hésitait. Il n'était pas certain de comment lui dire ce qui se passait. Wyska fronça les sourcils, mais resta silencieuse. Il continuait à secouer la tête en soupirant. Il cherchait ses mots et gardait le regard rivé vers le sol. La jeune fille commençait à s'inquiéter malgré elle. Cette attitude ne présageait rien de bon. Mais comme il ne parlait pas, elle décida de reprendre la parole pour l'amener à lui parler :

-Qu'est-ce qu'il se passe, 'Kinn ?

Il ne répondit pas. Il soupira à nouveau et cacha son visage dans ses mains. Wyska hésita un moment, mais posa finalement sa main sur son épaule. Il ne la repoussa pas, mais ne lui accorda pas plus d'attention. Wyska attendit près de lui qu'il se décide à lui répondre. Il ne tarda pas à parler à nouveau, mais ce qu'il dit ne la rassura pas.

-J'en ai parlé avec ton oncle, ton père et ta mère et... J'aurais presque voulu qu'ils t'en parlent eux-mêmes. Ça aurait été moins difficile pour moi Wysk'...  

Hum... Ça devenait étrange. Qu'est-ce qu'il y avait à la fin ? Wyska commençait vraiment à se sentir mal à l'aise. Il avait parlé avec sa mère, son père, son oncle... Quoi ?  Il voulait l'épouser d'un coup ? Si ce n'avait été de son air triste, elle aurait bien plaisanté là-dessus. Mais ce n'était pas le moment et elle le voyait bien.  Elle voulait croire qu'il ne faisait que la taquiner, mais il n'avait jamais semblé aussi triste.  Wyska essaya de détendre l'atmosphère avec un petit rire et d'un ton léger, elle prit la parole en espérant qu'il chasse ses pensées moroses.  

-Aller. Depuis quand tu es gêné de me dire quelque chose ? C'est parce que je suis une petite fille, tu essaies de me protéger, c'est ça ?

Elle le poussa légèrement du coude avec un sourire. Elle espérait le voir sourire réellement, mais elle n'eut droit à rien. Elle se força à garder un sourire pour le rassurer s'il daignait la regarder. Il n'en fit rien et bientôt, la jeune fille retrouva un visage en proie à l'inquiétude. Que pouvait-elle faire de plus ? Il ne voulait pas lui parler. Elle ne pouvait pas l'aider à se sentir mieux. Elle tourna le regard vers le sol en se disant qu'elle ferait peut-être mieux de le laisser seul. Même si elle ne le voulait pas vraiment. Elle l'entendit murmurer, mais ne comprit pas les mots exacts. Elle attendit qu'autre chose se passe, mais il resta à nouveau immobile. Avec un soupir inaudible, Wyska amorça un mouvement pour se lever. Au même moment, le garçon se tourna vers elle et la fixa de son regard foncé beaucoup trop sérieux. Wyska aurait voulu lui sourire, mais le regard triste et sérieux à la fois de son ami l'avait figé sur place. Il s'était décidé à lui parler. Il lui demanda si elle préférait qu'il aille droit au but, qu'il lui dise d'un coup. Immobile, la jeune fille le regardait avec de grands yeux, puis elle hocha lentement la tête incapable de dire un mot alors qu'une boule se formait au creux de son estomac.

-Je vais partir, Wyska.

Quoi ? Elle resta immobile. Son esprit réfléchissait à toute vitesse à ce qu'elle venait d'entendre. Il... rigolait, n'est-ce pas ? Il se leva et fit quelques pas, sans la regarder et sans rien ajouter. Wyska ne bougea pas. Elle ne comprenait pas. Ce ne pouvait pas être vrai. Il n'allait pas partir, non ? Il n'allait pas... Elle se leva à son tour. Son regard se posa sur le dos du garçon. Un silence s'installa. Un long silence où aucun des deux n'osa ouvrir la bouche. Puis, Wyska laissa un petit rire s'échapper de ses lèvres.  

-Tu me fais marcher, c'est ça ? J'y ai presque cru. Mais... tu ne vas pas partir, hein ? C'est juste... pour rire que tu dis ça.

Elle affichait un sourire, mais dans ses yeux se lisait toute la tristesse qu'elle ressentait devant ce qu'elle savait être vraie. Elle ne pouvait pas y faire face. Ou plutôt, elle ne voulait pas. Elle sentait qu'elle allait pleurer s'il était vraiment sérieux. Est-ce qu'elle avait encore une chance de le retenir ? Au fond, elle savait bien que non. Mais elle devait l'espérer. Un seul regard de sa part et elle sut qu'elle n'avait aucune chance. Il allait partir. Et rien ne pourrait le faire changer d'avis. Elle se mordit la lèvre si fort en espérant retenir les larmes qui remplissaient ses yeux. Elle les ferma. Elle sentait les sanglots montés dans sa gorge, mais elle n'allait pas les laisser l'envahir. Elle ne pouvait pas. Elle comprenait maintenant pourquoi tout le monde était bizarre. C'était parce qu'il savait tous la réaction qu'elle aurait devant cette nouvelle. Personne ne savait comment lui dire, car personne ne voulait la faire pleurer. Mais ça ne changeait rien à la réalité. Elle sentit quelque chose frôler sa joue. En ouvrant les yeux, son regard mouillé croisa celui malheureux du garçon. Ils se fixèrent en silence un moment puis Wyska lui posa la seule question qui importait vraiment :

-Pourquoi ?

Elle sentait ce besoin de le savoir. Elle se disait que si elle comprenait, elle aurait moins mal. Et peut-être même que ça l'aiderait à le laisser partir. Ou peut-être que ça ne changerait rien. Mais elle voulait savoir pourquoi. Pourquoi il la laissait derrière. Il ne répondit pas tout de suite. Il n'avait jamais été très bavard non plus. Il était le genre de personne à dire tout de suite ce qu'il avait à dire et à ne parler que si c'était nécessaire. Et il ne semblait pas trouver nécessaire de lui donner une raison. Il avait passé un peu plus d'une année complète avec la troupe. Avec elle. Pourquoi devait-il partir maintenant ? Il était une des personnes les plus importantes pour elle. Il ne lui avait fallu qu'une seule année pour trop s'attacher. Maintenant, elle sentait son cœur se tordre dans sa poitrine à l'idée de ne plus le revoir. Peut-être qu'elle ne comptait pas pour lui comme il comptait pour elle ? Elle sentit son cœur se serrer un peu plus sous cette pensée. Il était vrai qu'elle n'était qu'une enfant pour lui. Pas une personne avec qui il voulait rester. Après tout, elle venait tout juste d'avoir 13 ans. Il fit un pas vers elle en ajoutant :

-Je m'en veux Wysk', mais j'ai... C'est comme ça.

La jeune fille leva le regard vers lui, mais il s'était refermé. Il ne voulait pas lui dire. Il ne lui dirait pas. Elle le connaissait. Elle reconnaissait ce regard. Ce regard qui l'avait d'abord intrigué et qu'elle n'avait jamais pu déchiffrer. Elle ne savait pas quelles pensées étaient la cause de ces yeux-là. Il ne lui avait jamais dit, prétextant que ce n'était pas important. Elle n'avait jamais insisté, mais il lui semblait qu'elle regrettait un peu maintenant. Il ferma les yeux un moment et Wyska recula d'un pas hésitant. C'est comme ça. Elle avait de plus en plus de mal à retenir ses larmes. D'accord. Si c'était comme ça. Elle allait faire comme toujours. Elle n'allait pas insister et le laisser partir. C'était ce qu'il voulait après tout. Elle bredouilla un : « Je te souhaite bonne route » et sa voix se perdit vers la fin. Puis, elle tourna les talons et s'éloigna d'un pas rapide. Elle sentait les sanglots commencés à secouer ses épaules sans qu'elle puisse rien y faire. En arrivant près de sa caravane-maison, elle courut pour se réfugier au creux de son lit. Ses parents étaient toujours assis dehors et Helvia empêcha Liodas d'aller voir. Un regard de sa femme lui fit comprendre que leur petite fille avait besoin de temps avec elle-même.

***
 
Elle l’avait regardé s’éloigner jusqu’à ne plus pouvoir distinguer la moindre ombre lui appartenant. Elle était restée debout, au milieu de la route pendant beaucoup trop longtemps. Personne n’était venu déranger sa contemplation de la route maintenant vide qui s’étendait devant elle. Personne n’avait osé, sachant que ce temps, elle en avait besoin. Il avait quitté la caravane un peu avant Al-Far. Et Wyska avait été déçu d’apprendre qu’elle avait encore moins de temps qu’elle n’aurait pensé. Les quelques jours qui avaient suivi la nouvelle s’étaient écoulés trop vite. Elle n’avait même pas vu le temps passé et n’avait presque pas profité de ces derniers moments. Au début, elle avait agi comme l’enfant qu’elle était, elle lui en avait voulu de partir. Puis, elle s’était résignée à son départ et avait voulu passer le plus de temps possible avec lui. Ce qui n’avait pas été tâche facile. Il était occupé d’un côté et de l’autre avec les préparatifs de son départ et son boulot à bord de la caravane. En plus, ils étaient sans cesse en mouvement pour rejoindre la ville. Wyska avait voyagé auprès de lui dès qu’elle le pouvait. Ils n’avaient pas beaucoup parlé, comme à leur habitude, mais cette fois-ci, il lui avait semblé que c’était presque du temps perdu. Elle lui avait jeté de nombreux coups d’œil triste en attendant le moment fatidique où leur chemin bifurquerait. Et ce jour était arrivé bien trop vite pour elle. Le dernier adieu avait été le plus difficile. Lorsqu’il l’avait prise dans ses bras, elle n’avait plus voulu le lâcher. Elle l’avait serré très fort contre elle en retenant ses larmes. Elle lui avait demandé au creux de l’oreille une promesse. Celle de se revoir un jour. Avec un sourire triste, il avait promis. Puis, il avait tourné les talons. Et Wyska avait laissé ses larmes douloureuses coulées.    
 
Lorsque les larmes furent sèches sur ses joues et qu’elle accepta de ne plus rien voir à l’horizon, elle s’obligea à bouger. Il était parti. Voilà. Maintenant, elle devait retourner à la caravane et pratiquer le prochain spectacle. Même si le cœur n’y était pas pour l’instant. Elle allait se replonger dans ce qu’elle savait le mieux faire. Elle allait se réhabituer à être seule avec elle-même. Sa mère lui avait promis qu’après quelque temps elle irait mieux. Et Wyska ne pouvait que souhaiter que le temps passe aussi vite que ces derniers jours.   
   
***   
 
Le temps passa. Wyska approchait maintenant de son quinzième printemps. Elle se donnait à fond dans les spectacles avec plaisir, mais le soir venu, un tas de questions prenait place dans son esprit. Depuis le départ du Thül, elle n’avait pu s’empêcher de se demander comment était sa vie, ce qu’il faisait et où il était. Elle se demandait s’il allait où il voulait et quand il le voulait. Et elle enviait cette façon de vivre. Wyska avait toujours été heureuse de voyager avec le cirque et n’avait jamais rien demandé de plus. Cependant, elle commençait à se questionner sur la vie qu’elle avait. Cette vie d’acrobate qu’elle aimait, mais qu’en même temps, elle accepterait de laisser derrière. Lorsque ce genre de pensées l’envahissait, elle se sentait perdue. Elle se levait et regardait le visage de ses frères endormis dont la vie semblait si paisible. Elle se glissait silencieusement à l’extérieur et marchait un moment pour se changer les idées ou pour y réfléchir plus profondément. Il lui arrivait de s’asseoir loin de la caravane pour regarder la lune. Et lorsqu’elle était assise, elle fixait l’astre blanc et lui faisait part de ses réflexions. Réflexions troublées, confuses, qui l’effrayaient parfois. Elle ne savait plus quoi en faire et elle n’osa pas en parler à ses parents. Ceux-ci lui avaient offert beaucoup et elle ne savait pas comment leur avouer qu’elle voulait aller voir ailleurs. Sa famille était ici. Leur vie était ici. Elle avait peur de ne plus jamais les revoir si elle quittait la troupe. Et puis, où irait-elle ? Que ferait-elle ? Elle n’avait pas d’argent. Elle ne pourrait pas vivre seule. Elle le savait pertinemment et pourtant... Elle n’arrivait pas à chasser ces pensées. Elle se sentait coincer entre ses désirs et elle détestait cela. D’un côté, elle voulait rester auprès de sa famille, à l’abri des difficultés de la vie adulte et d’un autre, elle voulait quitter la troupe et s’avancer sur les routes en quête d’expériences nouvelles. Expérience. Nouveauté. Liberté. Ces trois mots semblaient lui être murmurés par la lune lorsqu’elle lui demandait des conseils qui ne venaient jamais vraiment. Souvent, elle prenait peur et retournait s’enrouler dans ses couvertures en essayant de ne plus y penser.    
   
Entre répétitions et spectacles, la jeune acrobate commençait à trouver le temps long et ennuyeux. Il manquait quelque chose, sans qu’elle puisse trouver quoi. Un matin, elle s’était levée avec une idée derrière la tête. Si elle voulait que les choses changent, il fallait agir. N’osant pas quitter la caravane pour vivre autre chose, elle décida de se trouver une nouvelle activité à bord. Nouvelle activité qui impliquerait de nouveaux entraînements et moins de temps pour réfléchir à la vie. Sur ce qui ressemblait à un coup de tête, Wyska demanda à sa mère si elle pouvait apprendre le lancer de couteau. Elle avait vu un homme faire ça une fois dans un coin de village. Elle avait été ébahie. Elle n’avait jamais pensé à le faire elle aussi, elle avait simplement trouvé cela impressionnant. Mais les choses avaient changé et maintenant, elle voulait le faire aussi. Sa mère était restée très étonnée de cette demande spontanée de la part de sa fille. Elle n’avait pas le courage de lui dire non, maintenant qu’elle allait mieux, mais en même temps, elle n’était pas certaine de vouloir laisser son enfant joué avec des couteaux à longueur de journée. Helvia s’était montrée très hésitante et Liodas aussi d’ailleurs. C’était finalement l’oncle de la femme qui les avait convaincus de la laisser essayer. Et puis, elle n’était pas obligée de commencer avec des couteaux tranchants de cuisine. D’un accord commun, ils avaient accepté de laisser Wyska expérimenter un nouvel art à la condition que quelqu’un soit toujours avec elle. Mesure de sécurité. Ce que la jeune fille comprit et c’était avec un sourire sincère et joyeux qu’elle commença son entraînement accompagné d’abord de son oncle. En voyant le sourire de leur fille, Helvia et Liodas comprirent qu’ils avaient pris la bonne décision. Il y avait un moment qu’elle n’avait pas été aussi heureuse de faire quelque chose. Ses parents commençaient à se douter que leur ainée avait la tête remplie de questions et finirait bien par les quitter un jour. Tant qu’elle était ici, il fallait profiter de son sourire et de sa joie de vivre qui revenait petit à petit. Les enfants quittaient toujours bien vite la maison.    
 
***   
 
Deux jours. Il ne restait plus que deux jours avant le prochain spectacle et Wyska n’en pouvait déjà plus d’attendre. Il y avait longtemps qu’elle avait ressenti une si grande excitation à la venue d’une représentation. Dans deux jours, elle présenterait son numéro de lancer du couteau pour la première fois. Elle ne savait pas si les gens allaient apprécier ou si ça allait être un flop total, mais elle avait très hâte. Elle n’arrêtait pas d’en parler à qui le voulait et ses petits frères en avaient plus qu’assez qu’elle leur rabatte les oreilles avec ça. Ils avaient hâte que la représentation arrive juste pour qu’elle puisse se la fermer un peu, comme elle en avait l’habitude. Mais pour l’instant, Wyska prenait un grand plaisir à discuter de son prochain numéro avec tout le monde du convoi. En vérité, elle s’occupait l’esprit. Du mieux qu’elle pouvait. Elle évitait le plus possible de laisser son esprit vagabonder sur les questions toujours sans réponses qui la hantaient la nuit. En se concentrant sur n’importe quoi d’autre, elle avait moins de temps pour penser. Ses entraînements aux couteaux nécessitaient une grande concentration et cela lui avait pris du temps avant de réussir à simplement effleurer la cible. Elle avait mis de côté ses inquiétudes pour se concentrer sur sa nouvelle tâche. Entre ses entraînements d’acrobates et de lancer, les spectacles et les voyages accompagnés de sa famille, elle se retrouvait peu souvent seule pour réfléchir. Et cela lui allait très bien. Elle avait donc vu le temps passé, sans y penser. Une année s’était rapidement écoulée avant qu’elle n’ose préparer un numéro de lancer pour un spectacle. Mais maintenant, elle y était. Le spectacle était prêt à être présenté. Dans deux jours. Au fond d’elle, Wyska avait quand même une certaine crainte quant à la suite. Une fois le numéro fait, une fois la compétence acquise, que ferait-elle ? Est-ce que les questions allaient revenir l’assaillir ? Elle n’aurait peut-être plus besoin d’autant d’entraînement. De concentration, certes. Mais peut-être plus autant de temps à mettre là-dessus. Tout dépendant comme cela se passerait. En plus, si les gens n’aimaient pas, elle pourrait dire au revoir à son numéro. C’était sa mère Helvia, qui la rassurait chaque fois qu’elle voyait le visage de sa fille se décomposer. « Tout ira bien », lui disait-elle. Et Wyska ne pouvait que la croire.  Et espérer.  
    
Cette journée-là, Wyska voyageait assise près de sa mère au-devant de leur maison mobile. La présence de sa mère à ses côtés la rassurait beaucoup lorsqu’ils voyageaient. Mais cette journée-là, ce n’était pas grâce à sa mère qu’elle put concentrer son esprit ailleurs. Quelque chose d’autre accaparait ces pensées à ce moment. Il y avait un homme au loin. Elle se demandait où il allait. Cela faisait un bon moment qu’elle l’avait remarqué. Il suivait la troupe tranquillement. En apparence, il avait l’air d’un voyageur quelconque, mais Wyska le trouvait louche. Cela faisait deux jours qu’ils les suivaient. Sans jamais les dépasser. S’arrêtait-il en même temps ? C’était étrange. Régulièrement, elle ressentait ce besoin de jeter un coup en arrière pour voir s’il était toujours là. Et chaque fois, elle le voyait à cheval avancer sans se presser sous le soleil. Au bout de quelques heures de voyages de plus, Wyska n’en peut plus. Elle se pencha vers sa mère pour lui chuchoter à l’oreille.  
    
-Pssst ! Eh, Maman... Il y a un homme bizarre qui suit la troupe depuis très longtemps... Je ne vois pas son visage. Il faudrait faire attention... Non ! Ne regarde pas, il va nous remarquer !    
 
Elle voulut empêcher sa mère de regarder, mais ce fut sans succès. Sa mère ne se cachait pas du tout pour observer l’homme qui avançait derrière. Avec un petit rire, Helvia demanda à sa fille de ne pas s’en faire. Ce ne devait être qu’un voyageur. Ce à quoi la jeune répondit un « Ouain... » pas convaincu du tout. Le voyage continua tout de même son cours et Wyska se dit qu’il ne pourrait très probablement pas s’attaquer à la caravane à lui seul, alors il ne devrait pas y avoir de problèmes. Comme le disait sa mère. Cependant, elle ne put pas s’empêcher de continuer de jeter des coups d’œil vers l’arrière.    
 
***   
 
La troupe s’arrêta pour la nuit près d’un ruisseau calme. Ils s’installèrent rapidement alors que la nuit tombait et un feu fut allumé autour duquel les membres de la troupe mangèrent tous ensemble comme la grande famille qu’ils étaient. Wyska mangea distraitement ne se mêlant ni aux conversations ni aux chants. Ce qui était dans son habitude, alors personne ne s’inquiéta. Par contre, cette soirée-là, elle avait une idée derrière la tête. Une idée, peut-être mauvaise, mais une idée quand même. Elle était décidée à découvrir l’identité de l’inconnu qui les suivait. Alors que les plus vieux buvaient en riant aux éclats et que les petits se faisaient border, Wyska en profita pour s’éclipser doucement. Être discrète et solitaire pouvait avoir ses avantages. Personne ne se demandait où elle pouvait être, sachant que la plupart du temps, elle allait se promener avec elle-même. Elle s’éloigna d’un pas décidé du convoi d’artistes et s’avança dans la nuit noire, éclairée par la seule lueur des étoiles. Elle chercha de la lumière au loin. Une lumière rougeoyante qui révélerait la présence d’un feu. Feu autour duquel il y aurait la personne qu’elle cherchait. Il ne pouvait pas être bien loin. Il devait s’être arrêté lui aussi pour la nuit. Tout le monde dormait la nuit, non ? Wyska continua de s’avancer jusqu’à voir ce qu’elle cherchait. Un reste de feu qui éclairait encore faiblement la nuit entre les arbres. Gagné ! Elle s’approcha lentement, faisant le moins de bruit possible pour ne pas se faire remarquer. Elle vit en premier le cheval. Grand et mince, il respirait tranquillement. Wyska se demanda s’il dormait avant de continuer sa route. Elle contourna d’assez loin l’animal pour ne pas l’alarmer et s’approcha un peu plus du petit feu, se cachant derrière les arbres suivant son chemin. Puis, elle le vit. Allongé dans l’ombre, le regard rivé sur le ciel. Il ne dormait pas. Wyska se figea sur place. Elle n’osa plus bouger, l’incertitude la gagnant rapidement. Elle se demandait maintenant ce qu’il lui avait pris de se rendre jusqu’ici seule. Son cœur commença à battre la chamade alors que la peur parcourait son chemin dans ses membres. S’enfuir en courant lui semblait la meilleure solution. Elle n’était pas de taille à affronter qui que ce soit toute seule. Elle le savait. Dans le silence de la nuit, une voix s’éleva. Une voix grave, profonde et accompagnée d’un quelque chose d’invitant tout à la fois.    
 
-C’est impoli de fixer les gens ainsi. (Un petit silence suivit ces paroles, avant qu’il ne reprenne : ) Pourquoi n’approcherais-tu pas ? Dis-moi ce que tu fais ici.    
   
Wyska sentit son cœur rater un battement. Était-ce à elle qu’il parlait ? Forcément. Il n’y avait personne d’autre autour. Depuis combien de temps savait-il qu’elle était là ? Elle ne se sentait pas très bien d’un coup... Elle avait peur de s’avancer, mais quelque chose en elle refusait de la laisser prendre ses jambes à son cou. Il ne dit rien de plus. Il attendait. Il ne la regardait pas. Il n’avait pas jeté un seul regard dans sa direction, mais ce n’était pas nécessaire n’est-ce pas ? Après un long moment où le silence n’était coupé que du bruit des insectes, Wyska posa un pied devant elle. Elle ne vit pas le petit sourire qui s’étirait au coin des lèvres de l’homme dans le noir. Lorsque les flammes eurent éclairé son visage, l’homme parla à nouveau :   
 
-Tiens... C’est la jeune acrobate. Je me trompe ? (Wyska ne se contenta que de hocher la tête.) Qu’est-ce que tu fais si loin de ta troupe ?    
 
Elle ne répondit pas. Pas tout de suite. Elle restait debout, à le fixer de ses grands yeux verts. En elle se mélangeaient l’angoisse et la fébrilité. Elle voulait partir et en même temps, rester. Elle ne savait pas si elle devait être effrayée ou attirée. L’homme dégageait une présence à la fois forte et subtile. Accueillante, mais vigilante. Invulnérable. Wyska ne pouvait que le regarder avec stupéfaction. Il dégageait tout à la fois la confiance qui lui manquait, la force qui lui échappait et la liberté qu’elle recherchait. Une telle personne pouvait-elle véritablement exister ? Un rire léger la sortit soudainement de ses pensées. Il lui proposa de s’asseoir près du feu. Avec une légère hésitation qui fut vite balayée par l’envie, elle prit place sur le sol et répondit finalement à la question qui lui avait été posée. Il sembla la trouver amusante et lui assura qu’il ne les suivait pas. Il suivait simplement son chemin, comme la troupe suivait le sien. Une discussion s’engagea lentement entre les deux personnes. Discussion durant laquelle Wyska lui posa beaucoup de questions. Et la plupart restèrent sans réponses autres qu’un sourire énigmatique, ce qui énerva rapidement la jeune acrobate. Mais il la poussait à aller trouver ses réponses ailleurs que dans les pensées des autres.    
 
Lorsqu’elle repartit vers la roulotte cette soirée-là, elle avait la tête remplie d’encore plus de questions. Elle devait chercher ses réponses elle-même, avait-elle compris. Le seul problème était qu’elle n’avait aucune idée de comment faire. Ce qu’elle n’avait pas réalisé, c’était qu’en repartant du campement de l’homme, plutôt que d’avoir peur de ses questions, elle cherchait de quelles manières les approcher. C’était de cette façon qu’elle s’était retrouvée autour du feu à discuter à nouveau avec lui le lendemain soir. Et le soir d’après. Et l’autre ensuite.    
 
***   
 
Le cheval broutait lentement l’herbe près de la route. Il n’était pas attaché, mais Wyska avait vite compris que ce n’était pas nécessaire. Ce cheval était tout simplement un ange. Il la regarda passer avec ce même regard nonchalant qu’il arborait en permanence. Wyska lui sourit avant de continuer lentement son chemin. Elle évita les obstacles bruyants sur son passage et s’agrippa à une branche pour se hisser sur celle-ci. Puis, elle avança doucement, en faisant bouger le moins de branches possible pour ne pas être découverte. Elle passa d’une branche à l’autre avec précaution. Ce n’était pas le temps de tomber et de se blesser ; elle avait un spectacle bientôt. Deuxième spectacle où elle présenterait son numéro mélangeant acrobaties et lancer de couteaux. Il avait bien plu au public du dernier village et elle espérait que ça en serait de même pour le suivant. Mais ce n’était pas le temps de penser à l’appréciation de ses spectacles. Elle devait se concentrer parce qu’elle n’avait pas l’habitude de se promener dans les arbres, disons. Grimper, c’était autre chose.    
 
Enfin, elle le vit. Il était accroupi près du ruisseau. C’était sa chance. Elle se laissa glisser lentement jusqu’au sol et s’immobilisa. D’accord. Il n’avait pas bougé. Elle s’avança pas à pas, mais ce ne fut pas bien long avant qu’elle n’entende un « Raté » bien clair. D’un air renfrogné, elle croisa les bras. « Mais c’n’est pas possible ! Comment est-ce que tu fais cela ? » s’était-elle exclamée. Mais elle savait que c’était une question qui resterait sans réponses. Avec un soupir, elle alla se poser à ses côtés. Elle avait essayé de le surprendre, rien qu’une fois, mais elle n’avait jamais réussi. Jamais. Il était toujours trop attentif à tout. Aucun détail ne lui échappait. Et ça, en plus d’énerver la jeune fille, ça la fascinait. Comment il pouvait faire tout ce qu’il faisait. C’était incroyable. Elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi habile et pourtant, elle était acrobate. La façon qu’il avait de se déplacer dépassait de loin l’agilité qu’elle avait gagnée avec ses années d’entraînement. Oh, elle ne se débrouillait pas mal, mais en le rencontrant, elle avait remarqué qu’il lui manquait quelque chose. Quoi par contre, elle n’avait toujours pas trouvé.    
 
- À quoi penses-tu ? lui demanda-t-il soudainement.   
 
Elle leva le regard vers lui pour se rendre compte que son attention était maintenant portée sur elle. Il lui posait souvent cette question après un moment de silence. Elle se demandait toujours si c’était par curiosité ou pour valider ses hypothèses. Elle n’allait tout de même pas lui expliquer qu’elle se comparait à lui.   
 
-Rien de bien particulier, répondit-elle simplement.    
 
Il hocha la tête, mais continua de la regarder. Elle garda la tête haute sans ouvrir la bouche. Elle lui jeta un coup d’œil au bout d’un moment, mais détourna rapidement les yeux. Il avait ce regard qui la rendait parfois mal à l’aise. Elle avait l’impression qu’il lisait en elle et qu’il attendait qu’elle lui explique ce qui la tracassait vraiment. Parfois, elle se demandait s’il ne savait pas déjà tout, mais attendait qu’elle s’ouvre d’elle-même. D’autre fois, elle se disait que ce devait être l’illusion que donnait son regard. Mais à tous les coups, elle ne savait jamais comment réagir.   
 
-Dis-moi, es-tu heureuse ?   
 
-Hein ? Euh... eh bien, oui...    
 
La question l’avait surprise. Pourquoi lui demander cela maintenant ? Elle n’avait pas manifesté de tristesse ou de déception quant à son bonheur. Que voulait-il dire exactement ? Il hocha de nouveau la tête, mais attendait la suite. Quelle suite ? Wyska le regardait comme si elle ne comprenait pas. Mais en fait, elle savait qu’il attendait ce fameux « mais... ». Parce qu’il y en avait toujours un, n’est-ce pas ? Surtout qu’il commençait à connaitre cette jeune fille pas trop sûre de ce qu’elle voulait au fond.    
 
- Je... Je ne sais pas. C’est que... des fois... Je-J’aimerais... Je ne sais pas...   
 
Elle baissa les yeux. Elle n’arrivait pas encore à le dire à voix haute, ce désir de quitter la caravane qui grandissait en elle. En même temps, elle ne voulait pas partir. Elle ne savait plus. Il ne se contentait que de la regarder. Il la laissait réfléchir. Il savait que ça ne servait à rien de parler. Moins il parlait, mieux c’était. Elle pouvait comprendre les choses par elle-même et c’était ce qu’il fallait. Trouver les réponses soi-même et non pas dans les croyances des autres. Après quelques minutes de réflexion, elle reprit la parole d’une voix d’abord mal assurée.   
 
-Je... J’aime ma vie dans le cirque. La troupe a toujours pris soin de moi et j’ai toute ma famille ici. Mais... D’un autre côté, j’aimerais me libérer des contraintes imposées. Entre les entraînements et les spectacles, je n’ai pas assez de temps. Je ne connais que le cirque. Des fois... Des fois, j’aimerais essayer autre chose.    
 
Voilà. Elle l’avait dit.  Depuis longtemps, elle voulait une oreille pour écouter. Elle s’était toujours confiée à la lune, mais jamais aucune réponse ne lui revenait. Elle ne savait pas si en parler avec lui allait véritablement changer quelque chose, mais elle sentait qu’il pouvait au moins la guider sur la bonne voie pour trouver ses réponses. Il sourit et posa sa main sur la tête de la jeune fille. Elle commençait à accepter ce qu’elle avait longtemps essayé d’oublier. Wyska jeta sur lui un regard attentif. Elle espérait qu’il l’aide à démêler ses idées.    
 
-Demande-toi. As-tu ce dont tu as réellement besoin pour toi ?    
 
-Que voulez-vous dire ?    
 
-Tu te poses beaucoup de questions. Et n’oublie pas que cette vie ici, tu ne l’as pas choisi.   
 
-Je sais...   
 
-Tu dois trouver ton propre chemin. Celui qui t’appelle. Ne laisse pas cet endroit devenir ta cage.    
 
-Mais... Comment ?   
 
-Je vais te dire une dernière chose : la réponse à tes questions n’est pas toujours où tu crois la chercher.    
 
Sur ce, il se releva et s’éloigna du ruisseau en laissant derrière lui, une jeune fille pensive et troublée. Wyska resta longuement au même endroit. Ces réflexions n’étant accompagnées que du bruit du ruisseau s’écoulant entre les roches. Jusqu’à ce que sa mère apparaisse entre les arbres pour l’avertir du départ. Wyska marcha lentement à la suite d’Helvia avec toujours plus de questions se glissant dans son esprit. Puis, elle se tourna vers sa mère pour lui poser une question qui surprit la femme.    
 
-Maman, comment es-tu arrivée ici ? Dans le cirque, je veux dire.    
 
***   
 
Wyska était assise sur l’un des bords de sa maison en mouvement. Près d’elle, un homme qu’elle avait appris à connaitre et un cheval nonchalant avançaient au même rythme que le convoi. Wyska discutait d’un air enjoué avec l’homme qu’elle connaissait sous le nom de Shaert. La troupe s’était habituée à la présence de cet homme dont le chemin semblait suivre le leur et laissait la jeune fille passer son temps avec lui. Helvia et Liodas s’étaient rendu compte qu’il la faisait grandir et réfléchir. S’éloigner aussi, mais ils savaient que ce moment arriverait. Leur fille avait besoin d’un peu d’aide pour ouvrir ses ailes et même si elle savait pouvoir compter sur ses parents, elle avait besoin de quelqu’un de l’extérieur. Ils savaient déjà qu’elle allait les quitter un jour. Et que ce moment arrivait de plus en plus vite. Lorsqu’ils regardaient leur fillette qui avait tellement grandi, leur cœur se resserrait. Le temps passait beaucoup trop vite. Ils se souvenaient encore trop bien du moment où ils la tenaient au creux de leur bras. Et maintenant, ils devenaient de plus en plus des spectateurs, sans pouvoir rien y faire et sans non plus vouloir empêcher leur enfant de suivre sa propre voie. Ils la laissaient donc passer son temps à poser des questions à un homme qui ne répondait que très rarement, mais dont le sourire ne quittait jamais le visage.   
 
L’acrobate ne voyait pas les choses de la même façon que ces parents. Elle n’avait pas encore réalisé qu’elle s’éloignait lentement. Que chaque discussion lui donnait un peu plus le courage qui lui manquait. Mais elle sentait qu’elle s’approchait peut-être des bonnes réponses. Par contre, elle se raccrochait encore trop à l’aide des autres. Et c’était bien pour cela que lorsqu’il lui dit qu’il allait continuer son chemin de son côté, elle se sentit presque trahir. Elle n’avait rien dit et ne s’était contentée que de hocher la tête en silence, les lèvres pincées. Elle savait que c’était ridicule de se sentir trahie, mais elle avait vraiment eu l’impression que grâce à lui, elle trouverait la réponse qu’elle attendait. Elle ne devait quand même pas se laisser abattre et continuer de chercher pour lui montrer qu’elle pouvait le faire. Elle pouvait le faire toute seule. Sûrement.    
 
Un midi, Wyska mangeait en silence les petits fruits qu’elle avait cueillis avec sa mère. Elle était assise devant Shaert qui la regardait en attendant qu’elle ait terminé. Elle ne se pressait pas et il avait bien compris qu’elle retardait le plus possible la discussion. Un petit sourire éclairait son visage. Il la trouvait comique de faire comme si ça ne la touchait pas. Il savait que ce n’était pas le cas et comme il aimait bien cette petite, il allait lui donner quelques indices de plus avant son départ. Elle avait finalement terminé de manger et en silence, elle avait posé son regard sur l’homme. Étonnamment, elle avait ouvert la bouche en premier.    
 
-Tu pars ce soir, n’est-ce pas ?    
 
Il hocha la tête, comme à son habitude. Elle fit de même. Puis elle regarda ses mains. Elle formula dans sa tête ce qu’elle voulait dire ensuite.   
 
-Tu vas assister au spectacle au moins ? S’il te plait.    
 
Il sourit et haussa les épaules. Une petite moue apparut sur le visage de Wyska. Elle n’aimait définitivement pas ces demi-réponses qui ne voulaient pas dire grand-chose. Elle aimerait bien qu’il voie au moins un spectacle. Pourquoi ? Elle ne savait pas trop. En fait, ce n’était peut-être pas si important. Qu’il la voit ou non lancer un couteau et marcher sur les mains n’avait pas d’importance. Mais elle pourrait lui montrer que même si elle avait envie d’autre chose, elle aimait ce monde qui l’avait vue grandir. Elle hocha finalement la tête avec un petit « D’accord » qui ne voulait pas dire grand-chose.    
 
- Où en es-tu ? lui demanda-t-il finalement.    
 
-Je n’ai pas vraiment avancé. C’est encore très flou. Mais... je pense que je comprends un peu mieux ce que je ressens.   
 
-Tu es encore jeune. Tu as le temps de penser à ce que tu veux devenir.    
 
Il disait ça simplement, mais Wyska devinait qu’il avait quelque chose derrière la tête. Par contre, elle ne savait pas quoi, et pour l’instant, cela importait peu. Elle hocha seulement la tête en retenant un soupir. Elle avait beau être jeune et avoir le temps, elle avait l’impression qu’elle ne saurait jamais. Se décider était quelque chose de difficile. Elle sentait que son cœur était tiré d’un côté et de l’autre sans arrêt. Elle n’arrivait toujours pas à choisir. La question « Qui veux-tu être ? » commençait à être celle qui tournait le plus souvent dans son esprit toujours un peu confus. Elle ne pouvait pas du tout y répondre.    
 
Le soir de cette même journée, maquillée, coiffée et habillée, Wyska se dirigea hors du chapiteau pour trouver Shaert avant qu’il ne disparaisse pour de vrai dans la nuit. Elle le trouva assis sur une souche, en pleine contemplation du feu. Il leva le regard vers elle lorsqu’elle s’assit face à lui et elle sentit le besoin de s’expliquer.   
 
-Je voulais te dire au revoir. Parce que je me doute que tu auras disparu avant la fin du spectacle.

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Histoire
Et maintenant ? ...Wyska Benorith
Comme toujours, il ne se contenta que de sourire. Et Wyska ne put s’empêcher de répondre à ce sourire. Elle savait que c’était la dernière fois qu’elle se retrouvait avec lui. Il avait beau lui dire qu’ils allaient se revoir, qu’ils habitaient sur le même continent, rien n’en était moins certain. Peut-être que leur route ne ferait que s’éviter à partir de ce moment ? Mais il ne fallait pas remplir cette soirée de pensées moroses. Alors, un grand sourire éclaira le visage de la jeune fille lorsqu’elle reprit la parole.   

-Je vais trouver mes réponses par moi-même. Je ne sais peut-être pas encore comment, mais j’y arriverais bien. Je voulais aussi... eh bien, je voulais te dire merci. Pour tout.    

-Trouve ton bonheur, d’accord ?    

Il lui jeta un regard, un sourire au coin des lèvres. Wyska hocha la tête et un « Promis » glissa de ses lèvres avec joie. Puis ils restèrent assis en silence. Elle ne voulait pas se lever tout de suite. Elle ne savait pas quoi dire, mais elle voulait rester. Elle avait encore tant de questions, mais elle savait que ce n’était pas le temps de les poser. Ce n’était plus le temps. Elle aurait bien aimé engager la discussion, lui demander où il allait par exemple, mais elle savait que ça ne la concernait pas. Il ne lui répondrait probablement pas. Elle allait se décider à parler, lorsqu’elle entendit son nom être appelé du chapiteau. Elle tourna la tête avec interrogation pour voir son oncle lui faire signe. C’était donc l’heure. Elle reporta son regard sur l’homme qui l’accompagnait et un petit sourire mélangeant joie et tristesse prit place sur son visage. Puis, elle se leva et avec un dernier adieu se dirigea vers le chapiteau. Elle ne fit que quelques pas avant qu’elle n’entende Shaert prononcer son nom. Avec surprise, elle se retourna. Il ne l’appelait jamais par son prénom, ne se contentant que de parler directement. Elle se retrouva face à lui. Il s’était levé et approché sans qu’elle l’ait entendu. Un sourire amusé éclaira le visage de l’homme en voyant la surprise sur le visage de la jeune fille. Puis, il lui dit simplement :

-Lorsque tu trouveras ta réponse, murmure-la à la lune. Le vent s’occupera de me la laisser savoir.  

Elle hocha la tête, les mots prenant un sens lentement. Il se recula de quelques pas pour s’asseoir à nouveau en lui faisant signe qu’on l’attendait. Un nouveau hochement de tête plus affirmé suivit le premier et Wyska reprit son chemin, mais s’arrêta rapidement. Elle tourna la tête avec un sourire et cria :

-Je n’oublierais pas !

Puis, elle courut les derniers mètres la séparant du chapiteau. La joie lui serrait le cœur de savoir qu’il ne se fichait pas d’elle. Il attendrait sa réponse. Et elle espérait que le vent porterait ses paroles aussi loin qu’il serait. Elle n’oublierait pas. Elle n’arrêterait pas de chercher. C’était une promesse silencieuse qu’elle se faisait. Pour elle-même.

***


La réponse à tes questions n’est pas toujours où tu crois la chercher.     
 

Cette phrase revenait sans cesse. Dès qu’elle cherchait un peu trop sans succès, elle y repensait et se posait quelques minutes pour réfléchir. Il suffisait parfois que de regarder les choses d’un angle différent, n’est-ce pas ?    
 
Qui veux-tu être ?   
 
La question sur laquelle elle s’endormait presque tous les soirs depuis maintenant trop longtemps. Elle ne savait toujours pas. Elle n’avait pas encore fait un pas en avant. Il lui semblait que ces dernières années n’avaient servi à rien. Peut-être qu’elle n’osait simplement pas. Elle voudrait partir. Mais lorsqu’elle se disait cela, d’autres questions l’assaillaient. Où aller ? Pour y faire quoi ? De quelle façon ? Et elle soupirait avant d’enfouir son visage au creux de ses mains. À tous les coups.    
 
Combien de temps était passé depuis qu’elle l’avait rencontré ? Une année, deux années ? Environ. Elle aurait voulu lui donner sa réponse plus vite. Elle n’oubliait pas. Elle se demandait parfois s’il attendait toujours de ses nouvelles. Elle se trouvait à espérer que c’était le cas. Elle voulait trouver et lui en faire part. Il l’avait beaucoup aidé et elle lui en serait toujours reconnaissante. Encore plus lorsqu’elle se déciderait vraiment. Pour l’instant, elle savait être celle qui restait en arrière et qui n’avançait pas. Elle restait debout, immobile au milieu de ce qu’elle connaissait par cœur. Était-ce que l’on appelait être lâche ? Probablement. C’était sûrement ce qu’elle était. Une lâche. Mais elle avait peur. N’était pas la chose la plus normale, avoir peur de l’inconnu ? Elle était toujours en proie au même questionnement que quelques années auparavant. Que ferait-elle une fois qu’elle aurait quitté la caravane ? Où irait-elle ? Comment survivrait-elle ? Elle n’en avait aucune idée, alors pouvait-elle vraiment quitter tout simplement ? Comme à chaque fois, elle tournait le dos à ce chemin qui appelait son nom. Et lorsqu’elle le faisait, elle repensait à ce que Shaert lui avait déjà dit.   
 
Ne laisse pas cet endroit devenir ta cage.   
 
Plus elle y pensait et plus il lui semblait que c’était ce qu’elle faisait. Elle s’enfermait où elle se sentait rassurée, mais sans jamais être satisfaite. Elle ne voulait pas quitter sa famille et ne voulait pas se perdre sur un chemin qui ne serait pas le bon. Alors, elle ne bougeait pas. Mais ce n’était peut-être pas la bonne façon de faire. Par moment, elle se disait qu’elle s’inquiétait trop. Elle pensait beaucoup trop. Elle devait simplement choisir ce qu’elle voulait faire, celle qu’elle voulait être. Ça ne devait pas être bien difficile. Sa mère l’avait fait. Elle avait tout quitté pour le cirque qui présentait un destin incertain. Son père l’avait aussi fait. Quittant sa famille pour poursuivre un nouveau rêve qu’une femme avait posé au creux de son cœur. Maintenant, c’était son tour. Elle devait arrêter d’avoir peur. Arrêter de reculer. Avancer sur la voie qui l’appelait. Tout simplement. Un pas à la fois.    
 
Une nuit où la lune était pleine, Wyska se promenait sur le chemin de terre, loin de la caravane. Elle n’avait pas réussi à trouver le sommeil. Elle ne pouvait pas s’endormir. Elle savait ce qu’elle voulait et l’excitation qui l’habitait l’empêchait de fermer l’œil. Elle se promenait dans la nuit en se répétant sans cesse qu’elle avait trouvé. Quand est-ce que les choses étaient devenues si claires ? Elle ne se souvenait pas très bien. Peut-être au moment où elle avait décidé d’arrêter d’avoir peur. Ses inquiétudes avaient toujours une petite place, mais sans pouvoir influencer à nouveau ses décisions. Elle s’arrêta finalement au milieu de la route déserte et leva son regard vers la lune. Elle ouvrit la bouche, avant de la refermer. Elle prit une grande inspiration et murmura dans la nuit :    
 
-Je pense que... je veux devenir comme lui. Tu m’aideras à le retrouver, dis-moi ?
 
Voilà. C’était son début de réponse. Elle savait qu’il manquait encore un bout, mais c’était déjà un bon début. Elle ne voulait pas être acrobate pour toujours. Elle voulait suivre un chemin différent. Un chemin qu’elle sentait qu’il pourrait l’aider à découvrir. Elle fixait l’astre blanc de ces grands yeux en espérant une réponse. Un indice pour savoir par où commencer. Elle devait le retrouver pour lui poser une dernière question. Celle à laquelle elle avait besoin qu’il réponde. Celle qui donnerait un nouveau sens à sa vie.   
 
Comment être libre ?


Informations Personnelles
Lorsque l'inspiration frappe, l'esprit est la proie des mots qui déferlent.Bambou Céleste
Pseudo
Vous pouvez m'appeler Bambou :)
Age Réel
21 ans
Parle-nous de toi
Moi ? Eh bien... Je fais du Rp depuis un bon moment déjà et j'adore vraiment ça. Hum... Je suis une étudiante à temps plein d'université, parce que j'aime l'école x) J'adore les smileys 8D Et lorsque les autres n'en utilisent pas, J'ai l'impression qu'il sont furieux '___' … Je ne suis pas la seule, n'est-ce pas ? Sinon... Je ne sais pas trop quoi radoter sur moi :0 alors, si on se croise sur la CB, il me fera plaisir de discuter avec vous ! (Oui, oui !)
Es-tu familier avec l'univers de Pierre Bottero ?
Oui, j'ai tout lu !
Comment as-tu connu le forum ?
J'ai tappé ''Forum Gwendalavir'' sur Google et me voilà !
Un commentaire sur le forum ?
Il est génial. Je vous stalke depuis un moment d'ailleurs et j'ai rien à dire <3 J'aime beaucoup l'encyclopédie. J'étais un peu rouillée en arrivant, mais cette section m'a permis de me rafraîchir la mémoire. Et du même coup, l'envie de me retaper illico les trilogies. *-*
As-tu besoin d'un parrain ou d'une marraine ?
Non, je me débrouille.

descriptionWyska Benorith EmptyRe: Wyska Benorith

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Ohlalalalala je suis impressionnée ! Même si tu nous stalke depuis un moment, t'as été si rapide à poster ta fiche et j'ai trop envie de la lire, mais là j'ai les yeux qui se croisent et le déjeuner passe avant tout Bave
En tout cas, bravo pour la rédaction de ta fiche ! Rapide et tout ! houray

Oh et... BIENVENUE BIENVENUE BIENVENUE BIENVENUE !!!! *lance un camion entier de cookies au chocolat de bienvenue* Happy 2 Guitare Rainbow Sheep

J'adore ton avatar, je crois que je suis amoureuse ! *.* Sur ce, je vais déjeuner, et après je lis ta fiche qui m'a l'air magnifique Wyska Benorith 3802522267

Pleins de bisous de bienvenue ! Tiens, encore un autre cookie Cookie

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Bienvenue jeune acrobate ! Happy 2 *pluie de cookies* Rainbow Sheep Cookie

Je ne me suis pas encore attaquée à l'histoire (trois posts, mon dieu, c'est un roman xD), mais ta façon d'écrire est de bonne augure ! Hâte de te voir en RP ^^

descriptionWyska Benorith EmptyRe: Wyska Benorith

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Hé Héé ! Merci beaucoup !  Vous êtes trop gentilles WTFOMG

Ouin... Je ne vous en veux pas d'attendre pour l'histoire. C'est vrai que c'est tout un bloc x) J'étais inspirée :')

Et J'adore les cookies ! *Nage en plein bonheur* Cookie Bave

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Bienvenue en Gwendalavir


Bienvenue officiellement sur le forum, Wyska !
*la couvre d'amour et de cookies de bienvenue au chocolat*

Une amie québécoise! *court partout en rependant de l'amour et du sirop d'érable* Je me disais aussi que nos heures de connexions étaient trop semblables pour faire erreur sur la question Face

Tout d'abord, grande nouvelle! Avec tes quelques 20 000 mots, tu as battu le record de longueurs de de fiche active du forum, soit celle de mon DC, Fynn Fearàin, et ses quelques 17 00 mots xD Bref, bravo, c'est un joli exploit houray

Ensuite, bravo tout simplement pour la rédaction de ta fiche. C'est très agréable pour le staff de voir une fiche postée si complète en si peu de temps ♥
Un gros merci également pour tes commentaires, c'est toujours un grand plaisir de voir que le forum plait! J'espère qu'il sera à la hauteur de tes attentes et que tu t'y plaira autant que nous  Hug

Bref, passons à la correction!

Le premier détail à soulevé en est un technique. Tu as la bonne première partie du code, mais il te manque la deuxième partie. Je te renvoie donc lire le Règlement ainsi que le Guide pour la Création du Personnage afin de trouver cette fameuse deuxième partie^^

Passons au contenu. Les deux descriptions sont parfaites, je n'ai absolument que du bien à en dire. Ton personnage est très bien balancé entre ses qualités et ses défauts et tu as su orchestré le tout avec une maturité impressionnante. Le personnage est très crédible, on sent bien qu'il s'agit d'une adolescente, avec cette sorte d'assurance aveugle en elle même et le monde, cet aveuglement pour beaucoup de choses dont les problèmes qui ne la touchent pas directement mais aussi avec ces incertitudes un peu mal comprises. Elle est loin d'être simpliste mais son tout donne un ensemble d'un réaliste simple et complet. Tu lui a donné tout les outils pour évoluer également, bref, un excellent travail. J'adore, littéralement.

Pour une histoire aussi longue, c'est presque un miracle que je n'ai trouvé presque aucun détail à corriger.  Très fluid, clair, intéressant, une très belel évolution tant narrative que psychologique... encore une fois du joli boulot.
Je me contenterais donc de dire ceci : UN THÜL! Oh oui ! Wesh, we're the best  Cool !  *se prend une poutre*

Seul truc, tu n'as pratiquement pas donner de repères d'age dans ton histoire. Plus spécifiquement, tu ne spécifie pas quel age ont Wyska et 'Kinn lors de leur première rencontre, ni combien de temps il reste avec le cirque et je crois que cela pourrait aider à encore mieux saisir l'évolution de ton personnage.

Bref, c'est tout pour les corrections! Ajoute seulement un ou deux repère sur l'age de Wyska, trouve moi la petite partie de code manquant et tout sera bon  Wyska Benorith 1847981786

Petite question, par curiosité, ton amie qui compte peut-être nous rejoindre et qui apparaît dans ton histoire, j'imagine qu'elle jouera 'Kinn ou Shaert? Les deux promettraient d'être tout aussi intéressants chacun à leur façon^^

Malgré que ta fiche soit fini, je ne t'épargne pas le blabla habituel Face

Je t'invite à consulter l'Encyclopédie si tu as des questions sur l'univers de Gwendalavir.
Tu peux également aller jeter un œil au guide du Nouveau Joueur pour t'aider à bien débuter sur le forum et construire ta fiche.
Finalement, tu peux aller faire une demande de parrainage si tu en ressens le besoin.

N'hésite pas à me contacter personnellement par MP pour toutes demandes ou questions !
Bon courage pour les modifications. Wyska Benorith 3132257210

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Eh ouiiiii ! Une québécoise qui aime le sirop d'érable houray Mais c'est collant si tu en mets partout, là !   Hi hi !

Ohh ! J'suis trop contente. Merci beaucoup pour les compliments sur la fiche Wyska Benorith 3802522267  J'me suis vraiment donné à fond ! Ha ha !

Alors, modification apportée ! En plus, j'avais ajouté trop de chose alors le poste était trop long.. J'ai dû raccourcir mes ajouts pleurs (Je voulais pas déplacer tout le reste :P)

Pour t'éviter de relire toute l'histoire pour voir les modifications, Je vais donner des points de repère :P J'espère qu'avec les âges, ça restera cohérent ^^'' (Sinon, J'vais avoir besoin d'aide )

D'abord, c'est seulement dans le deuxième poste.

1- Dans le bout avec Wyska et son frère Xaden. Après la réplique -C'est lui que tu cherches, c'est ça ? Jusqu'à la fin de ce bout, j'ai ajouté quelques phrases.

2- Lorsque 'Kinn annonce à Wyska qu'il part. Après la réplique - Pourquoi ? Il y des modifications.

3- Après le départ du Thül. Au début du bout avec : Le temps passa.

Je crois bien que c'est tout. Donc, J'ai rajouté deux points de repères pour l'âge de Wysk' et l'âge de 'Kinn. En espérant que ça fonctionne toujours :o La deuxième partie du code aussi.. J'y avais pas pensée T-T


Pour la question, le personnage de mon amie est 'Kinn. Un autre Thül qui devrait arriver un jour :D Hé Héé Wyska Benorith 1208135401

Sur ce, J'attends en mangeant des cookies de bienvenues :) Eating

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Fiche Validée


Le code est bon et les modifications sont parfaites! Merci d'ailleurs de les avoirs identifiées ♥

Sur ce, sans plus attendre, je déclare cette fiche officiellement VALIDÉE ! Happy 2

Encore une fois bravo pour cette superbe fiche! J'ai hâte de voir la demoiselle en jeu et je suis impatiente de voir 'Kinn prendre vie également ♥

N'hésite pas à faire ton journal de personnage.
Tu peux également faire une demande de RP et une demande de lien.
Enfin, tu peux allez jeter un œil aux quêtes !

L'équipe administrative reste toujours disponible pour toutes demandes ou questions.
Bienvenue encore parmi nous et bon jeu ! Wyska Benorith 3132257210

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WOW, la fiche est impressionnante ! Je suis impressionnée en tout cas !
Un grand bienvenue parmi nous et une tonne de cookie pour toi ! ♥

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